Croissance du PIB = Effondrement

Jean-Christophe Giuliani

Depuis le milieu des années 70, la croissance du PIB est présentée par les décideurs économiques et politiques comme la seule solution envisageable pour inverser la courbe du chômage. En proposant toujours de relancer la croissance pour créer des emplois, ces décideurs menacent notre qualité de vie, notre processus démocratique et la survie des générations présentes et à venir. En 1972, les sages du Club de Rome ont publié un ouvrage intitulé « les limites de la croissance ». En prenant en compte les variables de l’évolution technologique, de la population, de l’alimentation, des ressources naturelles et de l’environnement, ils sont arrivés à la conclusion qu’une croissance illimitée du PIB n’était pas compatible avec les ressources limitées de la planète. D’après cette étude, si les tendances actuelles se poursuivaient, le système mondial s’emballerait et s’effondrerait au début du 21e siècle.

En m’appuyant sur les rapports du GIEC, je commencerai par étudier les liens qui unissent le réchauffement du climat à la croissance du PIB. J’étudierai ensuite sa compatibilité avec les stocks de matières premières et les ressources naturelles. Je terminerai en abordant ses répercussions sur la biodiversité et l’empreinte écologique. Je tiens à préciser que je n’ai pas l’intention de faire une étude approfondie, mais de montrer les liens qui unissent la croissance au climat, aux stocks de matières premières, aux ressources naturelles et à la biodiversité.

La croissance du PIB serait-elle responsable du réchauffement climatique ?

La vie sur terre sera viable tant que la température globale de la planète n’augmentera pas de plus de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle de la fin du 19e siècle. Le graphique ci-dessous présente la courbe de la variation de la température de l’hémisphère Nord depuis l’an mille[1].

–  La ligne noire est la moyenne globale lissée. La zone grise est l’intervalle de confiance à 95 % lissé des estimations. La ligne bleue est la ligne de régression pour la période de 1000-1899. La ligne rouge est la ligne de régression pour la période de 1900-2004.
–  Source: graph drawn by Hanno using data from two sources[2].

Entre l’an 1000 et 1900, la courbe de la température moyenne de l’hémisphère Nord a oscillé entre 13,6°C et 13,8°C. À partir du 20e siècle, la courbe en forme de crosse de hockey de Michael Mann montre qu’elle n’a pas cessé d’augmenter, pour atteindre 14,4°C à la fin du 20e siècle, soit une hausse de plus de 0,6°C par rapport à 1900. Puisque la température moyenne de l’hémisphère Nord était de 13,7°C’à la fin du 19e siècle, pour être viable, elle ne doit pas dépasser 15,7°C. Afin d’éviter de les dépasser, il est nécessaire d’identifier les causes du réchauffement climatique.

  • Quelles sont les causes du réchauffement climatique ?

Selon le rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), le réchauffement du climat est dû aux gaz à effet de serre provoqués par des phénomènes naturels et l’activité humaine. Le graphique ci-dessous montre les principaux gaz à effet de serre.

–  Source : GIEC Changement climatique 2007, rapport de synthèse[3]

Les principaux gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone, le méthane, les oxydes nitreux et les gaz fluorés.

Le dioxyde de carbone (CO2) contribue à plus de 76,7 % de l’effet de serre. Même si 20,1 % de ces gaz proviennent d’émissions naturelles (respiration des animaux, putréfaction, incendies, etc…), de la déforestation et de la production de ciment, ils sont, pour l’essentiel (56,6 %), dus à la combustion des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole).

Le méthane (CH4) y contribue à hauteur de 14,3 %. Le méthane d’origine naturel se forme à l’abri de l’oxygène de l’air, grâce à la fermentation des composés organiques animal et végétal. Celui d’origine humaine provient de la combustion des brûlis en zone tropicale, de l’élevage intensif de ruminants, de la culture du riz, des décharges d’ordures ménagères, ainsi que de l’exploitation des mines de charbon et des sites de forages pétroliers et gaziers.

Les oxydes nitreux (N2O) y contribuent à environ 7,9 %. La part humaine de ce gaz provient, pour l’essentiel, de l’utilisation d’engrais azotée et de procédés chimiques.

Les gaz fluorés qui correspondent à la catégorie des fluorocarbures (CFC, HCFC, HFC, PFC, etc…) y contribuent à 1,1 %. Ils proviennent, pour l’essentiel, des systèmes de climatisation, des aérosols et des composants industriels.

Le graphique ci-dessus montre l’évolution des concentrations de gaz à effet de serre de l’année 0 à 2005.

–  Source : GIEC 2007[4]

De l’an 0 à 1900, les concentrations de méthane fluctuaient entre 600 et 800 ppb[5], celles de dioxyde de carbone entre 250 et 280 ppm et ceux des oxydes nitreux entre 250 et 280 ppb. À partir de la fin du 19e siècle, les concentrations de CH4 sont passées de 800 à 2 000 ppb, celles du CO2 de 280 à 375 ppm et celle du N2O de 280 à 320 ppb. Étant donné que ces trois courbes ont fortement augmenté à partir de la révolution industrielle du 19e siècle, il est possible d’affirmer que ce ne sont pas des phénomènes naturels, mais l’activité humaine qui est responsable de la hausse de ces rejets. La hausse de la température de l’hémisphère Nord ayant progressé au même rythme que les rejets de gaz à effet de serre, le développement économique et la croissance du PIB apparaissent comme les principaux responsables du réchauffement climatique.

L’augmentation des rejets de CO2 étant l’une des principales causes de la hausse de la température de l’hémisphère Nord, je propose d’identifier les pays qui en rejettent le plus.

  • Quels sont les pays qui rejettent le plus de CO?

La hausse des rejets de CO2 étant l’une des principales causes du réchauffement climatique, avant de proposer des solutions pour en limiter les rejets, il est nécessaire d’identifier les pays qui en rejettent le plus. Les graphiques ci-dessous comparent la part des rejets de CO2 en % et en tonne par habitant (t/hab) rejetés par des pays en 1997 et en 2013.

–  Sources : Banque mondiale : indicateur du développement dans le monde[6]

Entre 1997 et 2013, malgré le protocole de Kyoto, qui a été signé en 1997, les rejets de CO2 mondiaux ont augmenté de 48,4 %. En 2013, les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie et les pays du G7 hors États-Unis (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Japon), se partageaient 78,3 % des rejets de CO2 de la planète. À eux deux, la Chine et les États-Unis en rejetaient 43,1 %. De 1997 à 2013, tandis que les rejets des États-Unis et des pays du G7, hors États-Unis, diminuaient respectivement de 3,5 % et de 4,8 %, ceux de la Chine et de l’Inde augmentaient de 195 % et de 121 %. Ces données font apparaître la Chine comme le pays qui en rejette le plus. La réduction des rejets de CO2 des États-Unis et des pays du G7 peut s’expliquer par la délocalisation d’une partie de leur production industrielle vers la Chine. En devenant l’usine du monde, la Chine permet à ces pays de présenter des résultats satisfaisants concernant leurs efforts pour lutter contre les rejets de CO2 et donc, le réchauffement du climat.

La comparaison en tonnes par habitant fait apparaître que les apparences peuvent parfois être trompeuses. Même si en 2013 la Chine rejetait 26,6 % du CO2 mondial, avec ces 7,6 t/hab un chinois en rejette 2,6 fois moins qu’un américain qui en rejette 19,7 t/hab. Même si, à eux trois, le Qatar, le Luxembourg et l’Australie rejettent seulement 1,53 % du CO2 mondial, avec 40,5 t/hab, 18,7 t/hab et 16,5 t/hab, ils sont ceux qui en rejettent le plus par habitant. De 1997 à 2013, tandis que les rejets de CO2 du Qatar augmentaient de 126 %, ses rejets par habitant diminuaient de 43 %. Cette baisse n’est donc pas due à une réduction des rejets, mais à l’augmentation de sa population qui est passée de 528 213 à plus de 2,1 millions d’habitants[7]. Si sa population n’avait pas augmenté de 298 %, les rejets du Qatar auraient atteint 161 t/hab. Pour éviter de dépasser 15,7°C, il est donc nécessaire que les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie, les pays du G7, ainsi que le Qatar, l’Australie et le Luxembourg réduisent considérablement leurs rejets de CO2.

Après avoir désigné les pays qui rejettent le plus de CO2, je propose d’étudier les secteurs d’activités qui en rejettent le plus.

  • Quels sont les secteurs d’activités qui rejettent le plus de CO2 par pays ?

Pour réduire les rejets de CO2, il est nécessaire d’identifier les secteurs d’activités qui en rejettent le plus. Avec l’aide du graphique ci-dessous, qui présente les parts des émissions de CO2 d’un pays par secteurs d’activités, je propose de les identifier.

–  Source : Donnée OCDE sur environnement[8]

États-Unis : Avec 44,5 %, c’est la production d’électricité qui rejette le plus de CO2. Elle est suivie de très loin par les transports, l’industrie et les autres activités qui en rejettent et 29,4 %, 10,3 % et 10,1 %. Pour sa part, le résidentiel n’y contribue qu’à hauteur de 5,6 %.

Allemagne : Avec 38,9 %, c’est la production d’électricité qui en rejette le plus. Elle arrive loin devant les autres activités, les transports, l’industrie et le résidentiel qui en rejettent 18,5 %, 17 %, 12,7 % et 12,9 %.

France : Avec 29,6 %, ce sont les transports qui en rejettent le plus. Ce secteur est suivi par les autres activités, l’industrie et le résidentiel qui en rejette 22,9 %, 17,2 % et 14,4 %. Sa production d’électricité étant assurée à plus de 70 % par des centrales nucléaires, ce secteur rejette seulement 15,9 % du CO2.

Japon : Avec 40,3 %, c’est la production d’électricité qui en rejette le plus. Elle arrive loin devant l’industrie, le transport et les autres activités qui en rejettent 20,4 %, 19,6 % et 14,4 %. Pour sa part, le résidentiel y contribue seulement à hauteur de 5,3 %.

L’étude de ce graphique met en évidence que le mode de production d’électricité d’un pays détermine l’activité qui rejette le plus de CO2. Puisque 70 % de la production française est assurée par le nucléaire, ce sont les transports routiers qui en rejettent le plus. Pour les réduire, il est donc nécessaire de les décourager en les taxant davantage et d’encourager le ferroutage, la relocalisation de la production et l’économie locale. Comme les États-Unis, le Japon et l’Allemagne produisent l’essentiel de leur électricité avec des centrales thermiques (charbon, gaz ou fioul), c’est cette activité qui en rejette le plus. Pour les réduire, ces pays doivent augmenter la part des énergies renouvelables et réduire leur consommation d’électricité. Étant dû au chauffage, à la production d’eau chaude et à la climatisation des secteurs résidentiels et tertiaires, pour la réduire, il est nécessaire d’encourager la rénovation des logements anciens et la construction de logements à hautes performances énergétiques.

Après avoir désigné les pays et les secteurs d’activité qui rejettent le plus de CO2, je propose d’appréhender les conséquences du réchauffement climatique.

  • Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique ?

Si la température moyenne de la planète atteignait 15,7°C, la perturbation des cycles atmosphériques aurait des conséquences irréversibles sur le climat et l’écosystème (atmosphère, océans, biosphère, etc…). Ces perturbations provoqueront la hausse du niveau des mers, l’inondation des zones côtières, des sécheresses, des incendies de forêt, l’arrêt de centrales nucléaires, la diminution des récoltes, des pics de température, l’augmentation de pluies diluviennes, ainsi que des phénomènes météorologiques extrêmes (ouragans, cyclones, tornades, tempêtes, etc…) qui provoqueront de nombreuses victimes et des milliards $ de dégât. Le graphique ci-dessous présente le coût du changement climatique.

–  Sources : Statista, Le coût du changement climatique[9].

L’intensité, la fréquence et le coût des phénomènes météorologiques extrêmes, qui s’accentuent depuis la fin de 20e siècle, sont les principaux symptômes du réchauffement climatique. En effet, de 1990 à 2016, le nombre d’événements météorologiques extrêmes est passé de 412 à 797, soit une progression de 93,4 %. Des pluies diluviennes ont touché l’Europe centrale et l’Allemagne en 1995, 1997, 2002 et 2013, la Grande-Bretagne en 2012 et la France en automne 2015. Des incendies de forêt exceptionnels ont touché l’Indonésie en 1997, le Portugal en 2003, l’Espagne en 2005, la Grèce en 2007, la Russie et le Canada en 2010, ainsi que l’Australie entre 2000 et 2012. Des pics de températures extrêmes se généralisent : l’Arabie Saoudite a connu un pic de 81°C en 2003 et l’Iran en a connu un de 74°C en 2015. Afin d’indiquer des températures supérieures à 50°C, l’Australie a élargi sa palette de couleur au mauve.

À cause du réchauffement du climat, la fréquence et la puissance des cyclones et des ouragans de catégorie 5, qui sont particulièrement destructeurs, ont considérablement augmenté. Tandis qu’entre 1955 et 1999, il y en avait eu 13, entre 2000 et 2015, il y en a eu 26. Aux États-Unis, la fréquence et l’intensité des tornades ne cessent d’augmenter. Tandis que de 1950 à 1980, le nombre de tornades est en moyenne passé de 200 à 800 par an, de 1980 à 2013, il est passé de 800 à 1400. Le 7 mai 2015, 29 tornades ont ravagé le Kansas, le Nebraska, le Texas et l’Oklahoma. Celles de catégorie F4 (330 à 420 km/h) et F5 (420 à 510 km/h), qui sont particulièrement destructrices, ont également augmenté. Le 31 mai 2013, l’Oklahoma a connu l’une des plus grandes tornades de catégorie F5 de son histoire (4,2 km de diamètre et vitesse du vent au centre 475 km/h).

Si rien n’est fait pour inverser ce processus, les coûts financiers ne cesseront de croître. Tandis qu’entre 1990 et 2000, le coût annuel des catastrophes attribuées au réchauffement climatique fluctuait entre 60 et 142 milliards $, entre 2001 et 2016, il fluctuait entre 98 et 161 milliards $. En 2015, le programme des Nations Unies pour l’environnement estimait que le coût de l’adaptation aux phénomènes météorologiques extrêmes pourrait atteindre 150 milliards $ par an entre 2025 et 2030 et entre 250 à 500 milliards $ en 2050[10]. En 2006, le rapport Stern évaluait le coût financier des catastrophes climatiques à venir à plus de 5 500 milliards $[11]. Un rapport de l’OCDE datant de 2016 affirmait qu’en l’absence de mesures climatiques, les effets conjugués des différents impacts s’intensifieraient pour atteindre entre 1 % à 3,3 % du PIB mondial d’ici à 2060. Si la température augmentait de 4°C, les pertes pourraient se situer entre 2 % et 10 %, voire 12 % du PIB à la fin du siècle[12]. En 2016, le montant du PIB mondial était de 75,937 billions $[13]. Si la température mondiale avait atteint 15,7°C en 2016, le coût aurait été compris entre 759 et 2 505 milliards $. Si elle avait atteint 17,7°C, les pertes auraient été comprises entre 1 518 et 9 112 milliards $.

Au début du 21e siècle, si aucune mesure sérieuse n’est prise pour inverser le réchauffement du climat, la croissance du PIB et le mode de vie matérialiste des pays industrialisés et émergents (Chine, Inde, Brésil, etc…) provoqueront une hausse de la température de la planète, dont les conséquences seront irréversibles. Le réchauffement du climat de l’hémisphère Nord, qui apparaît pour certains comme un bienfait : un climat plus doux en hiver et l’ouverture de la route maritime entre l’Asie et l’Europe par le pôle Nord, risque d’être de courte durée. En effet, la fonte des glaces de l’hémisphère Nord et l’augmentation des précipitations risquent de provoquer le ralentissement, voire l’arrêt du Golf Stream qui permet à l’Amérique et à l’Europe du Nord de bénéficier d’un climat tempéré en hiver. Ce phénomène météorologique, qui s’est déjà produit au 14e siècle, a provoqué une baisse progressive de la température moyenne et donc, un mini âge glaciaire. Si à court terme, cette catastrophe peut apparaître comme une opportunité de croissance pour les entreprises[14], à moyen et long terme, le réchauffement du climat menace la survie de l’humanité. Étant donné que c’est l’activité humaine et donc, le développement économique qui est responsable de la hausse des températures, la relance de la croissance du PIB n’apparaît pas comme une solution envisageable pour en finir avec le chômage.

Après avoir montré que le climat n’était pas compatible avec la croissance, il est nécessaire de se demander si les stocks de matières premières sont capables de soutenir un taux de 27,5 %.

La croissance du PIB épuiserait-elle les stocks de matières premières ?

Pour qu’un taux de croissance de 5,5 % par an pendant 5 ans soit envisageable, il ne doit pas menacer le développement économique à moyen et long terme. La croissance du PIB étant dépendante d’un usage croissant de matières premières, avant de proposer cette solution pour créer 7 millions d’emplois, je propose d’évaluer les stocks d’énergies fossiles et de minerais

  • La croissance est-elle compatible avec les stocks d’énergies fossiles ?

La croissance du PIB est dépendante à plus de 80 % des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon). Étant la matière première de base des carburants, du plastique, des fibres textiles, des engrais et des pesticides, le pétrole est une ressource stratégique indispensable au développement économique. Le gaz naturel étant utilisé pour se chauffer et produire de l’électricité et des engrais, il est également une ressource stratégique. Avant d’envisager de relancer la croissance, il est nécessaire d’étudier la viabilité de cette solution en évaluant l’état des stocks.

Le graphique ci-dessous présente l’évaluation des stocks d’énergies fossiles en année, en fonction d’une croissance mondiale nulle ou de 3 % par an.

–  Source : USGS2012[15] et EIA[16]

N’étant pas renouvelables, les stocks de charbon, de gaz naturel et de pétrole évoluent au rythme de la consommation et donc, de la croissance du PIB mondial. Comme l’évaluation date de 2011, en fonction d’une croissance du PIB nulle ou de 3 % par an, les stocks de charbon seront épuisés entre 2060 et 2124, ceux du gaz naturel entre 2045 et 2070 et ceux du pétrole entre 2042 et 2061. Les graphiques ci-dessous présentent les réserves de pétrole et de gaz naturel mondial de 2015 en % et en année d’exploitation.

–  Sources : BP statistical Review of World Energy june 2016[17]

En 2015, à eux dix, le Venezuela, l’Arabie Saoudite, le Canada, l’Iran, l’Irak, la Russie, le Koweït, les Émirats Arabes Unis (EAU), les États-Unis et la Libye détiennent plus de 85 % des réserves de pétrole mondiales. Depuis que le Canada exploite les sables bitumineux, avec ses 10,1 % de réserves et ses 108 années de stocks, il est le troisième plus gros producteur de pétrole. Ce n’est pas les réserves, mais le rythme de leur exploitation qui détermine le nombre d’années de stock. Détenant 2,8 % des réserves mondiales, au rythme de son exploitation actuelle, qui est de 432.000 barils par jour, la Libye détient 307 années de stocks. Même si elle détient 15,7 % des réserves, étant donné que son exploitation est de 2,35 millions de barils par jour, l’Arabie Saoudite ne détient que 61 années de stock. Au rythme actuel de la production, c’est-à-dire de 91,7 millions de barils par jour, les rares pays qui disposeront encore de réserves de pétrole après 2080 seront l’Iran, l’Irak, le Venezuela, le Koweït, la Libye et le Canada.

À eux sept, l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Russie, les EAU, le Qatar, les États-Unis et le Turkménistan détiennent plus de 71 % des réserves de gaz naturel mondiales. Détenant 9,4 % des réserves, au rythme de son exploitation actuelle, qui est de 72.400 m3 par jour, le Turkménistan détient 241 années de stocks. Même si elle détient 17,3 % des réserves mondiales, étant donné que son exploitation est de 573.300 m3 par jour, la Russie n’en détient plus que 56,3 années. Au rythme actuel de la production, c’est à dire 3,53 millions de m3 par jour, les rares pays qui disposeront encore de réserves après 2100 seront l’Iran, l’Irak, les EAU, le Turkménistan et le Qatar.

À court terme, si la consommation de pétrole et de gaz naturel ne se réduit pas, les stocks, dont dépendent le développement économique, la production d’électricité et la capacité de certains pays à se chauffer, seront épuisés. Avant de proposer de réduire la consommation, il est nécessaire d’identifier ceux qui en consomment le plus. Le graphique ci-dessous présente la consommation d’énergie par pays et par habitant en % et en TEP/hab.

–  Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde[18] et[19].

Ce graphique montre qu’en 2013, les États-Unis, les pays du G7 hors États-Unis (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Japon), la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil consomment 64 % des ressources énergétiques mondiales. À eux deux les États-Unis et la Chine en consomment 38,3 %. De 1997 à 2013, tandis que la consommation des États-Unis augmentait seulement de 2,5 % et que celle des pays du G7 diminuait de 10,2 %, celle de la Chine, de l’Inde et du Brésil augmentait de 181 %, de 94,7 % et de 64,7 %. La consommation mondiale ayant augmenté de 42,6 %, la faible baisse de la consommation des pays industrialisés a très largement été compensée par celle des pays émergents.

Comme pour les rejets de CO2, la consommation totale d’énergie par habitant fait apparaître que les apparences sont trompeuses. Même si en 2013, la Chine représentait 22,2 % de la consommation mondiale, avec ces 2,2 TEP/hab, un chinois consomme 3,45 fois moins d’énergie qu’un américain qui en consomme 6,9 TEP/hab. Même si en 2013, le Luxembourg et le Qatar ne représentaient que 0,33 % de la consommation mondiale, par habitant, ils en consommaient respectivement 7,3 et 19,1 TEP/hab. De 1997 à 2013, tandis que la consommation du Qatar augmentait de 308 %, sa consommation par habitant diminuait de 0,7 %. Cette baisse n’est donc pas due à une réduction de sa consommation, mais à l’augmentation de sa population. Si sa population n’avait pas augmenté de 298 %, elle aurait consommé 78,6 TEP/hab.

Les stocks de pétrole et de gaz naturel étant limités, pour qu’ils ne s’épuisent pas à court terme, il est donc nécessaire que les États-Unis, les pays du G7, la Chine, l’Inde, le Brésil, le Qatar, les pays du Golf et le Luxembourg réduisent leur consommation de manière significative. S’ils ne la réduisent pas, le modèle économique actuel, qui repose sur une énergie à bas prix, s’effondrera. Pour produire de l’électricité et des carburants et se chauffer, il sera donc nécessaire de remplacer le pétrole et le gaz naturel par des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique, géothermie, biocarburant, algue, etc…) et de favoriser de nouvelles technologies (pile à combustible, cogénération, stockage de l’électricité, énergie libre, fusion nucléaire, etc…). En ce qui concerne la production de plastiques, de fibres textiles, d’engrais et de pesticides, il sera nécessaire d’innover pour remplacer le pétrole à moindre coût.

Les stocks de pétrole et de gaz naturel étant limités et concentrés dans certains pays, ceux qui en détiennent disposent d’une manne financière qui leur procure une autonomie économique et politique. Cette manne peut servir les intérêts d’une classe dirigeante (Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, etc…), qui souvent collabore avec des compagnies pétrolières (Shell, Exxon Mobile, BP, Total, etc…), ou être mise au service du développement d’un pays et du bien-être de sa population. Allant à l’encontre des intérêts de compagnies pétrolières et de banques, la seconde solution peut conduire à un « Printemps arabe » (Mouammar Kadhafi en Libye 2011), à un coup d’État manqué (Hugo Chavez au Venezuela en 2002) ou réussi (Mossadegh en Iran 1953[20]).

La compétition pour le contrôle des stocks et l’approvisionnement du pétrole et du gaz naturel risque de provoquer des tensions politiques majeures entre les grandes puissances (États-Unis, Europe, Russie et Chine). Que ce soit, d’une part, la guerre en Afghanistan, en Irak et en Syrie, et d’autre part, les tensions politiques qui opposent les États-Unis à l’Iran, ainsi que celles qui opposent les États-Unis et l’Europe à la Russie au sujet de l’Ukraine et de la Syrie[21], elles ont toutes en commun un enjeu pétrolier ou gazier. Toutes ces guerres et tensions politiques, qui sont menées au nom de Dieu, de la liberté ou de la lutte contre le terrorisme, ont en commun le contrôle de réserves de pétrole, d’un pipeline ou d’un gazoduc, la construction d’un pipeline ou le contrat de construction d’un gazoduc. Ces conflits, qui sont censés préserver notre mode de vie, nos emplois et la croissance, n’offrent pas de perspectives réjouissantes à moyen et long terme.

  • La croissance est-elle compatible avec les stocks de minerais ?

La croissance du PIB dépend aussi de l’exploitation et de la transformation de minerais, dont les stocks sont également limités. Le graphique ci-dessous présente l’évaluation des stocks de minerais en année, en fonction d’une croissance mondiale nulle ou de 3 % par an.

–  Source : USGS2012[22] et EIA[23]

Puisque les stocks de minerais ne sont pas renouvelables, ils évoluent au rythme de la consommation et donc, de la croissance du PIB. Comme ces évaluations datent de 2011, en fonction d’une croissance du PIB mondial nulle ou de 3 % par an, les stocks de platine et d’aluminium seront épuisés entre 2070 et 2180, ceux du cobalt et du fer entre 2050 et 2090, ceux du zinc entre 2045 et 2070, ceux du nickel et du cuivre entre 2040 et 2055 et ceux de l’argent, du plomb, de l’étain et de l’or entre 2026 et 2030. Ces stocks étant limités, si l’exploitation de ces minerais, qui sont indispensables aux secteurs industriels (électronique, informatique, construction, sidérurgie, automobile, aéronautique, mécanique, nucléaire, transport, etc…), n’est pas contrôlée, raisonnée et limitée à un usage réellement utile et stratégique, à court terme, ils seront épuisés. L’industrie en étant dépendante, sous l’effet de la loi du marché, dite « de l’offre et de la demande », la rareté provoquera une hausse des prix. Cette hausse provoquera une crise économique, politique et sociale dont l’issu sera irréversible. Ces crises provoqueront des conflits qui menaceront la qualité de vie et la survie des générations présente et à venir.

Aux stocks de minerais traditionnels, il faut ajouter certains minerais stratégiques encore plus rares (coltan, indium, gallium, titan, niobium, tantale, germanium, terres rares, etc…), qui interviennent dans la production de matériels de haute technologie (téléphone portable, informatique, robotique, satellite, armement, nucléaire, etc…). Le contrôle des territoires, dont sont extraits ces minerais, est déjà la cause de tensions politiques, de conflits et de guerres. Le contrôle des mines de Coltan, qui est utilisé dans les téléphones portables, est à l’origine de conflits armés qui touchent la République démocratique du Congo. Plus de 90 % des terres rares, qui sont utilisés dans l’industrie de haute technologie, sont produits en Chine. Étant donné que la Chine souhaite développer une industrie de haute technologie, elle limite ses exportations avec l’Europe, le Japon et les États-Unis. Ces restrictions sont déjà à l’origine de tensions commerciales et politiques.

Au rythme de la croissance du PIB actuelle, les stocks d’énergies fossiles et de minerais, que la planète a mis des millions d’années à produire, seront épuisés en moins de 200 ans. À court terme, quand les stocks de matières premières seront épuisés, il ne sera plus possible de relancer la croissance. Non seulement il n’y aura plus de croissance, mais surtout, il n’y aura plus d’alternatives à l’épuisement des réserves de pétrole et de gaz naturel. En effet, ceux qui affirment que les innovations techniques permettront de trouver des solutions alternatives oublient que la production d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques ou d’autres technologies nécessite l’usage de minerais et de terres rares. Si les stocks sont épuisés, ils auront beau disposer de brevets et de technologies innovantes, ils n’auront plus les moyens de les produire en grande série. Afin de préserver les stocks de matières premières à moyen et long terme, il est donc nécessaire de ne pas les gaspiller en limitant leur usage aux activités et à la production de biens réellement utiles et stratégiques. Étant donné que pour soutenir un taux de 5,5 % par an pendant 5 ans, il est nécessaire de consommer toujours plus, ce choix à court terme n’est pas compatible avec des stocks limités.

Au même titre que les matières premières, l’épuisement et le contrôle des ressources naturelles peuvent également être les causes de tensions économiques et politiques.

La croissance du PIB épuiserait-elle les ressources naturelles ?

Les ressources naturelles (eau, air et sol) étant les supports de la vie et de la reproduction des ressources biologiques, elles sont indispensables à la survie de l’espèce humaine. Pour qu’un taux de croissance du PIB de 5,5 % par an pendant 5 ans soit envisageable, il ne doit pas épuiser les stocks de ressources naturelles de la planète. Contrairement aux matières premières, ce ne sont pas les stocks qui sont menacés, mais leurs qualités qui se dégradent au fur et à mesure de leur exploitation et des rejets de déchets, de particules nocives et de polluants en tout genre.

  • La croissance aurait-elle un impact sur la qualité de l’air ?

La survie et le développement des espèces vivantes et donc, de l’Homme dépendent de la respiration d’un air chargé en oxygène. L’air que nous respirons au quotidien est composé d’oxygène et d’autres particules plus ou moins nocives pour la santé. L’activité industrielle, les transports, l’agriculture et le chauffage résidentiel rejettent du monoxyde de carbone (CO), de l’oxyde de soufre (SO2), de l’oxyde d’azote (NO2) et d’autres particules fines (PM2,5, PM1,0 et carbone suie). Ces rejets, qui contribuent à détériorer la qualité de l’air, ont un point en commun, ils sont dangereux pour la santé. L’augmentation des affections bénignes (fatigue, nausées, irritation des yeux et de la peau) et de maladies graves (asthme, allergies, cancers, maladies cardio-vasculaires, etc…) dues à la pollution de l’air est le signe de sa dégradation. Un rapport de l’OMS datant de l’année 2000 montrait que l’exposition permanente aux particules fines provoquait chaque année environ 350 000 décès prématurés en Europe, dont 42 000 en France[24].

De 1973 à 2013, la qualité de l’air s’est améliorée en France : les rejets de CO ont diminué de 71 %, ceux de SO2 de 94 % et ceux de NO2 de 45,4 %. En ce qui concerne les particules fines, de 1991 à 2013, les rejets de PM2,5 ont diminué de 59,5 %, ceux de PM1,0 de 64,9 % et ceux de carbone suie de 50,6 %[25]. Les réglementations et les mesures prises (favoriser le vélo, limiter la circulation et réduire la vitesse en ville, filtres pour les usines et les véhicules diesel, etc…) ont permis de réduire ces rejets sur l’ensemble du territoire. Malgré ces réductions, ils sont toujours très élevés sur les grands axes routiers et la pollution de l’air est l’une des principales préoccupations des grandes agglomérations. Le graphique ci-dessous présente la qualité de l’air en nombre de jours de la région parisienne en fonction de zones à forts ou à faibles trafics routiers en 2012.

–  Source : Airparif, qualité de l’air en Ile de France en 2012, mars 2013[26]

Ce graphique montre que la qualité de l’air de la région parisienne varie de manière significative entre les zones à forts ou à faibles trafics routiers. En 2012, les populations situées dans les zones à faibles trafics (zone rurale, forêt de Fontainebleau, Bois-Herpin, etc…) bénéficiaient d’un air de bonne qualité 236 jours, de qualité moyenne 108 jours et de mauvaise qualité 21 jours par an. En revanche, celles situées dans les zones à forts trafics (Paris Centre, Avenue des champs Élysée, boulevard périphérique, A1 niveau St Denis, RN2 Pantin, etc…) sont exposées à un air de qualité moyenne 211 jours et de mauvaise, voire de très mauvaise qualité 150 jours par an.

Le rapport de Airparif de 2013 montre que plus de 3 millions de Parisiens sont régulièrement exposés à des valeurs de NO2 qui atteignaient 40 μg/m3. Puisque 63,8 % du parc automobile français est composé de véhicules à moteur diesel, plus de 80 % du carbone suie mesuré à proximité du boulevard périphérique provient de la combustion de camions et de voitures diesel[27]. À cause de ces véhicules, 11,7 millions de Parisiens[28] sont soumis à des teneurs en particules fines (PM2,5) comprises entre 30 et 50 μg/m3, qui sont supérieures à la limite annuelle de 27 μg/m3 à ne pas dépasser pour préserver sa santé. Ce qui est vrai pour les zones à forts trafics routiers de la région parisienne l’est également pour les grandes agglomérations françaises (Lyon, Marseille, Lille, Nice, etc…) et étrangères (New York, Londres, Rome, Pékin, Tokyo, Mexico, New Delhi, etc…).

Étant donné que les rejets augmentent au rythme du développement économique, si ce processus se poursuit, l’oxygène de l’air, qui répond à un besoin vital, sera progressivement remplacé par des particules nocives pour la santé. La pollution de l’air étant étroitement liée à l’activité économique, relancer la croissance du PIB ne semble pas être une solution envisageable pour préserver la santé et la qualité de vie de la population.

  • La croissance épuiserait-elle les sols ?

Épaisse de 30 cm en moyenne, la couche de terre qui recouvre les sols abrite d’intenses échanges biologiques et physico-chimiques. Elle fournit les éléments indispensables à la croissance des végétaux, filtre l’eau, contrôle l’alimentation des nappes phréatiques, régule le cycle du carbone et de l’azote et constitue l’habitat de près de 80 % de la biomasse. L’agriculture, dont l’Homme dépend pour son alimentation, nécessite l’exploitation de terres arables, c’est-à-dire de terres pouvant être labourées et cultivées. Dans un rapport datant de décembre 2015, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) affirmait qu’un tiers des terres arables de la planète étaient menacées de disparaître[29]. La disparition de la biodiversité, l’agriculture intensive, l’urbanisation et le réchauffement climatique provoquent l’épuisement, l’érosion, le tassement, l’acidification, la pollution et la salinisation des sols.

Les principales causes de l’épuisement des sols sont l’agriculture et l’élevage intensifs. L’exploitation intensive, la monoculture (blé, soja, betterave, maïs, colza, etc…), les cultures inadaptées aux écosystèmes et aux climats locaux, ainsi que l’usage intensif d’engrais chimique et de pesticides accélèrent l’épuisement et la dégradation des sols. En perturbant la vie souterraine et les échanges biochimiques, les labours profonds en réduisent la fertilité. En appauvrissant les teneurs en nutriments, en humus et en matières organiques, qui constituent l’engrais naturel des plantes, la surexploitation agricole les épuise également. À l’échelle mondiale, les rendements agricoles ont augmenté de 3 % de 1950 à 1984 et de 1 % de 1984 à 1995. Depuis 1995, ils stagnent ou se réduisent. À cause de la surexploitation, 40 % des surfaces agricoles françaises présentent des risques d’épuisement. L’épuisement des sols provoque une baisse des rendements agricoles qui nécessite un usage croissant d’engrais chimique. Le graphique ci-dessous présente l’évolution des quantités d’azote vendues ramenées à la surface fertilisable.

–  Source : Unifa, enquête sur les livraisons d’engrais en France Métropolitaine – SSP, statistique annuelle agricole. Traitements : SOSeS, 2015[30].

Tandis qu’en 1972, il fallait environ 55 kg d’azote pour fertiliser un hectare, en 2013, il en fallait 85 kg, soit une hausse de 54,5 %. Entre 1972 et 2013, tandis que les surfaces fertilisables diminuaient de 11 %, les livraisons d’engrais de synthèse azotée augmentaient de 29 %[31]. À cause de l’exploitation intensive, malgré un usage intensif d’engrais chimique, les rendements ne cessent de diminuer. Dans certaines régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, les rendements agricoles sont passés de 5 à 0,5 tonne à l’hectare.

À cause de l’épuisement des sols, 33 millions d’hectares de terres sont détruits chaque année au niveau mondial. Ce rythme est désormais supérieur à celui de la pédogenèse, c’est-à-dire celui de la régénération et de la formation des sols. À terme, l’agriculture et l’élevage intensifs, qui sont encouragés par les banques et l’industrie agroalimentaire, provoqueront une chute des rendements agricoles, dont les conséquences seront la hausse des prix des produits alimentaires. La hausse des prix provoquera des famines, des révoltes de la faim, des tensions politiques et des guerres. Afin d’éviter l’épuisement des sols, il est désormais urgent de changer la finalité de l’agriculture, les pratiques agricoles et de régime alimentaire.

Contrairement aux idées reçues, l’agriculture intensive n’est pas destinée à nourrir les populations, mais à enrichir les banques, à spéculer en bourse et à nourrir du bétail. Afin d’investir dans la terre et le matériel d’exploitation, un agriculteur est obligé de s’endetter auprès d’une banque. Pour rembourser ses traites, il est plus ou moins contraint, d’une part, d’utiliser des engrais chimiques et des pesticides pour augmenter les rendements, et d’autre part, de produire de manière intensive du colza, des betteraves, du soja, du blé, du maïs, de l’avoine, etc… qui sont, pour l’essentiel, destinés à nourrir du bétail. Il est important de préciser que plus de 70 % des terres agricoles ne sont pas utilisés pour nourrir des êtres humains, mais du bétail[32]. Ces matières premières agricoles étant cotées en bourse, elles sont soumises à la loi du marché et à la spéculation. En devenant un producteur de matières premières à part entière, l’agriculteur s’est aliéné à une logique économique au détriment de sa fonction nourricière.

Pour éviter que la sécurité alimentaire soit compromise par l’épuisement des sols, l’élevage intensif et la spéculation, il est nécessaire de changer d’habitudes alimentaires. En réduisant la consommation de protéines animales au profit de protéines végétales (lentille, haricot, quinoa, spiruline, etc…), il sera possible d’en finir avec l’élevage intensif et donc, de réduire la surface des terres destinées à nourrir le bétail. En produisant davantage de légumineux, de fruits et de légumes, l’agriculture biologique et maraîchère locale assurera la sécurité alimentaire des populations. En limitant l’usage d’engrais chimique et de pesticides et en réhabilitant les semis directs, les haies, l’assolement, la rotation des cultures et les jachères, ces formes d’agricultures permettront de régénérer l’activité biologique et microbienne des sols et donc, d’éviter leur épuisement. En s’affranchissant de la logique économique, l’agriculteur retrouvera sa fonction nourricière initiale.

La nécessité de changer de régime alimentaire ne concerne pas que l’épuisement des sols, elle concerne également les stocks et la qualité de l’eau.

  • La croissance aurait-elle un impact sur la qualité de l’eau ?

L’eau est à l’origine de la vie sur terre. Les stocks d’eau de la planète sont estimés à 1,39 milliard de km3 (1 km3 = 1 milliard de m3). Tandis que 97,6 % des stocks sont situés dans les océans, 2,4 % sont situés dans les calottes glaciaires, les eaux souterraines, l’eau douce superficielle et les vapeurs d’eau atmosphérique. Pour se développer, les espèces terrestres, dont l’espèce humaine fait partie, ont besoin d’une eau douce et potable, c’est à dire, d’une eau utile qui ne soit pas salée et polluée. Les eaux souterraines abritent 0,54 % des stocks utiles de la planète. Par conséquent, 98 % des eaux utiles à la consommation domestique, à l’irrigation des terres et à l’usage industriel ne représentent que 7,5 millions de km3, soit 7 trillions 500 milliards de m3.

Le rapport du Sénat, « Eau : Urgence déclarée » datant de juin 2016, affirmait que les stocks d’eau souterraine de la France étaient estimés à 2 000 km3, soit 2 000 milliards de m3[33]. Les stocks d’eau utiles étant limités, avant de proposer des solutions pour les préserver, il est nécessaire d’identifier les activités qui en consomment le plus. Chaque année la France prélève environ 32 milliards de m3 d’eau utiles pour assurer ses activités économiques et domestiques. Le graphique ci-dessous présente les consommations d’eau utiles par secteur d’activité en 2015.

–  Source : délégation à la prospective du Sénat, d’après le Conseil d’État (données consommations)[34]

Tandis que les usages domestiques consomment 24 % des 32 milliards de m3 d’eau utiles par an, les usages à caractère économique (agriculture 48 %, industrie 6 % et refroidissement des centrales nucléaires 22 %) en consomment 76 %. Utilisée à tous les stades de la production de métaux, de plastiques, de papiers, du raffinage du pétrole, etc…, l’eau est indispensable à l’industrie. En effet, la production d’un kg d’acier nécessite entre 300 et 600 litres d’eau et celle d’un kg de papier 500 litres. Étant polluées, les eaux rejetées par l’industrie sont impropres à l’usage industriel, agricole et domestique. C’est-à-dire qu’elles sont dangereuses pour la santé.

Les plantes ayant besoin d’eau pour se développer, l’agriculture en est le principal consommateur. La surexploitation de certaines régions agricoles, telle que l’Andalousie, menace les stocks d’eau qui y sont déjà limités. Dans d’autres régions, ce n’est pas la quantité, mais la qualité qui est menacée. Comme elle utilise toujours plus d’engrais chimiques et de pesticides, l’agriculture intensive pollue et détériore la qualité des nappes phréatiques. En Bretagne, à cause de l’agriculture et de l’élevage de porcs intensif, l’eau du robinet n’est plus potable[35]. Étant indispensable à l’agriculture, l’eau est une ressource stratégique dont le contrôle peut être une cause de tensions politiques et de conflits. Le territoire d’Israël étant en grande partie aride, l’eau est une ressource stratégique majeure. Le contrôle de l’eau de la vallée du Jourdain est donc l’une des causes du conflit qui oppose les Israéliens aux Palestiniens[36]. À terme, la surexploitation agricole et industrielle, les sécheresses et la pollution des stocks d’eau utiles risquent de provoquer une pénurie, dont les conséquences seront une hausse des prix, une baisse des rendements agricoles et donc, une augmentation des famines, des émeutes et des guerres.

Afin de limiter son gaspillage, le ministère de l’Écologie finance des campagnes à destination des ménages. Étant donné que c’est l’agriculture qui consomme le plus d’eau utile, c’est à ce secteur que l’État devrait s’adresser. Avant de proposer des solutions pour la réduire, il est nécessaire d’identifier les secteurs agricoles qui en consomment le plus. Le graphique ci-dessous présente le nombre de litres d’eau nécessaire pour produire un kilogramme de nourriture.

–  Source : Sénat, Eau : Urgence déclarée[37] et FAO, L’utilisation de l’eau en agriculture[38].

Ce graphique montre que la production d’un kg de viande de bœuf, d’agneau et de volaille nécessite entre 6 000 et 13 500 litres d’eau, que celle d’un kg de blé, de légumineuse (haricot, lentille, etc…), de pomme de terre et de maïs nécessite entre 500 et 1 000 litres et que celle d’un kg de salades et de tomates nécessite entre 20 et 100 litres. Puisque c’est la production d’un kg de viande qui en utilise le plus, si la population des pays industrialisés remplaçait les trois quarts de sa consommation de protéines animales par des protéines végétales (haricot, lentille, soja, quinoa, etc…), il serait possible de réduire considérablement la consommation d’eaux utiles. Ce changement de régime alimentaire permettrait d’en finir avec l’élevage intensif et la déforestation, de favoriser le renouvellement des sols et de réduire la consommation d’eau utile, la taille des surfaces agricoles et les rejets de méthane provoqués par la flatulence du bétail. Puisque la production de protéines végétales génère moins d’activités économiques que la production de protéines animales, ce changement de régime alimentaire ne favorisera pas la relance de la croissance du PIB.

Il n’y a pas que l’agriculture et l’élevage intensifs qui détériorent la qualité des sols et des stocks d’eau utiles. Elle l’est également par les rejets de déchets industriels et domestiques.

  • La croissance aurait-elle un lien avec la hausse des déchets ?

Chaque jour, les entreprises et les ménages rejettent des milliers de tonnes de déchets industriels et domestiques. En 2012, tandis qu’un français rejetait en moyenne 521 kg/hab de déchets municipaux, un américain en rejetait 725 kg/hab, soit 39 % de plus[39]. Avant de proposer des solutions pour réduire les déchets domestiques, il est nécessaire d’identifier les causes de leur augmentation. Le graphique ci-dessous présente la croissance des déchets domestiques parisiens par types et kg/hab de 1940 à 2004.

–  Source : Preisser Pierre et Haddag Lyes, Expliquer la production de déchets ménagers parisiens sur la période de 1949-2004[40].

Ce graphique montre que de 1940 à 2004, le kg de déchets domestiques par habitant d’un parisien est passé de 239 à 566 kg/hab, soit une hausse de 137 %. Sur 64 ans, la part des déchets en papier, en carton, en verre, en plastique et en métal est progressivement passée de moins de 15 % à plus de 60 %. La hausse de ces déchets est en grande partie provoquée par l’usage croissant de prospectus en papier, d’emballage en carton, de conserves et de canettes métalliques ainsi que de bouteilles, de bocaux et de canettes en verre et en plastique. En favorisant la commercialisation de produits alimentaires transformés identifiés par une marque au détriment de produits en vrac, les grandes surfaces alimentaires ont contribué à l’augmentation des emballages. Cette hausse est donc le résultat de l’augmentation de l’offre de produits alimentaires transformés, de l’accélération du rythme de l’ère du jetable et du gaspillage encouragée par la société de consommation.

Pour lutter contre la hausse des déchets, le gouvernement finance des campagnes de sensibilisation destinées aux ménages. Au lieu de proposer des solutions qui remettraient en question la société de consommation, il fait la promotion du tri sélectif et du recyclage. Même si les emballages cartonnés, les prospectus, les bouteilles en plastique, les canettes métalliques ou en verres, etc… sont censés être recyclés, seule une partie infime de ces déchets le sont réellement. Le meilleur déchet étant celui qui n’est pas produit, pour les réduire, il est nécessaire d’encourager un changement des habitudes de consommation. Par exemple, acheter des produits en vracs, favoriser la production locale et les circuits courts, manger des produits frais plutôt que des produits transformés, etc… Étant donné que le gaspillage et la hausse des déchets domestiques favorisent la croissance du PIB et donc, la création d’emplois, le gouvernement ne fait pas la promotion d’un modèle de consommation qui serait réellement plus sobre et respectueux de l’environnement.

Il n’y a pas que les ménages qui rejettent des déchets. En 2012, l’activité économique produisait 315 millions de tonnes (Mt) de déchets. Le graphique ci-dessous présente la part de la production de déchets par secteur d’activité en 2012.

–  Source : Eurostat – RSD[41]

Ce graphique montre que 78% des déchets sont produits par la construction. Elle est suivie de très loin par l’industrie (8 %), le tertiaire (7 %), le traitement des déchets (6 %), ainsi que par la production d’énergie, l’agriculture et la pêche (1 %). Les déchets liés à la construction et aux BTP sont composés à 72 % de déchets inertes (pavés, gravats, béton, carrelage, etc…), à 26 % de déchets non dangereux (métaux, bois non traités, cartons, isolants, etc…) et à 2 % de déchets dangereux pour l’environnement et la santé (peintures, goudrons, amiante, hydrocarbures, emballages souillés, terres polluées, etc…)[42]. Étant recyclables, les déchets inertes et non dangereux, qui représentent 98 % des déchets, feront peut-être l’objet de revalorisation. Les déchets industriels sont composés de produits chimiques, de substances toxiques et de métaux lourds (mercure, cadmium, etc…) qui polluent l’air, les sols, les fleuves, les côtes et les mers. Même si les entreprises concernées par ces déchets ont le devoir de les emballer, de les étiqueter et de les stocker pour qu’ils ne nuisent pas à la santé et à l’environnement, au nom des profits et de la création d’emplois, ils le sont souvent à moindres frais. L’exemple des boues rouges de l’usine Alteo de Gardanne en est une parfaite illustration[43]. Depuis 1967, au nom de la préservation de l’emploi, les élus locaux et la préfecture de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur autorisent cette usine à rejeter des métaux lourds (arsenic, fer, mercure, silice, titane, etc…) dans la Méditerranée, au détriment de l’environnement et de risques sanitaires.

Les déchets agricoles sont composés pour l’essentiel de cadavres d’animaux, de films plastiques usagés, d’emballages vides et non utilisés de produits phytosanitaires (engrais chimiques et pesticides) et de biodéchets. Les biodéchets, qui correspondent aux déchets organiques issus des récoltes et des déjections des animaux (fumiers, lisiers, etc…), dégradent et polluent l’état des sols, des nappes phréatiques et des côtes. En Bretagne, à cause de l’augmentation des nitrates provoqués par l’épandage de lisiers, l’eau du robinet n’est plus potable[44]. Ces nitrates polluent les nappes phréatiques et favorisent la prolifération d’algues toxiques qui épuisent l’oxygène des mers. Tous ces rejets, qui dépassent les capacités d’absorption des sols, des fleuves et des océans, contribuent à l’épuisement des terres et des mers et donc, à la disparition de la biodiversité.

Cette étude montre que la dégradation de la qualité de l’eau, de l’air et des sols est due à l’agriculture et à l’élevage intensif, au modèle alimentaire carnée, à l’industrie, aux transports routiers et maritimes, aux rejets de déchets domestiques et industriels et à la société de consommation. Puisque ces dégradations progressent au rythme de la croissance du PIB, elle a des conséquences néfastes pour la santé, la qualité de vie et la survie de l’espèce humaine à court, moyen et long terme. Une fois de plus, la volonté de soutenir un taux de 5,5 % par an pendant 5 ans n’apparaît pas comme une solution viable et donc, envisageable pour en finir avec le chômage.

Non seulement la qualité de l’eau, de l’air et des sols est indispensable à la survie de l’espèce humaine, mais en plus, elle est nécessaire au renouvellement des ressources biologiques.

La croissance du PIB épuiserait-elle les ressources biologiques ?

Les ressources biologiques comprennent l’ensemble des espèces vivantes de la planète. Étant donné qu’elles peuvent se reproduire sur une ou plusieurs générations, à l’inverse des matières premières, les forêts et la biodiversité sont renouvelables sous certaines conditions.

  • La croissance provoquerait-elle la déforestation ?

Les forêts ont de multiples fonctions : fournir du bois (chauffage, énergie, construction, meubles, outils, armes, papiers, etc…), absorber le CO2 et préserver la biodiversité, qui contribuent au développement, au confort matériel, à la qualité de vie et à la survie de l’humanité. Afin de les protéger, il est nécessaire d’identifier les pays qui contribuent à la déforestation. Le graphique ci-dessous présente l’évolution des surfaces forestières mondiales en ha/an de 2005 à 2010.

–  Source : FAO key findings (2010)[45]

Ce graphique présente l’état de la déforestation et de la reforestation mondial. Entre 2005 et 2010, tandis que les surfaces forestières de l’hémisphère Sud se réduisaient de 50 000 à 500 000 ha/an, celles de l’hémisphère Nord augmentaient au même rythme. Les pays concernés par une déforestation comprise entre 250 000 et 500 000 ha/an sont le Venezuela, la Bolivie, le Nigeria, la RD du Congo, la Tanzanie, le Zimbabwe et la Birmanie. Ceux qui en ont une supérieure à 500 000 ha/an sont le Brésil, l’Indonésie et l’Australie. La déforestation est provoquée par des incendies accidentels ou criminels, la surexploitation des bois tropicaux, la production de papiers et d’emballages en carton, ainsi que par la culture du soja pour nourrir le bétail et du colza pour produire des biocarburants. En Indonésie, des incendies criminels favorisent la plantation de palmeraies qui produiront de l’huile de palme. Au rythme de la déforestation actuelle, dans moins de 50 ans un tiers de la surface forestière mondiale aura disparu. Puisqu’elles abritent plus de 50 % des espèces animales et végétales, la surexploitation des forêts primaires d’Afrique et d’Amérique latine accélère la disparition de la biodiversité. Comme ces forêts absorbent le CO2, la surexploitation accélère l’effet de serre et donc, le réchauffement du climat. En provoquant l’érosion des sols, des inondations et la désertification, la déforestation de l’hémisphère Sud entretient le cercle vicieux de la pauvreté et des famines.

En ce qui concerne les surfaces forestières de l’hémisphère nord, elles stagnent ou ne cessent d’augmenter dans certains pays. Dans les pays industrialisés, ce n’est pas la surexploitation, mais l’augmentation des pluies acides qui les menaces. À partir de 1998, la Chine, qui est le pays qui rejette le plus de CO2, a mis en œuvre une politique de reforestation qui lui a permis de dépasser 500 000 ha/an en 2010. Ce n’est pas le respect de l’environnement qui l’a motivé à reboiser, mais de graves problèmes d’érosion des sols, d’inondations et de désertification.

Qu’elle soit manufacturière ou agroalimentaire, la croissance de l’industrie nécessite toujours plus de bois, d’huile de palme, de soja, de colza, etc… Puisque la croissance du PIB accélère la déforestation, qui a des répercussions sur le climat, l’environnement et la biodiversité, elle n’apparaît toujours pas comme une solution pour créer des emplois. Comme les forêts abritent plus de 50 % des espèces animales et végétales, la déforestation a également un impact sur la biodiversité.

  • La croissance provoquerait-elle la disparition de la biodiversité ?

La biodiversité est assurée par des millions d’espèces de plantes, de mammifères, de reptiles, d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens, de mollusques, d’insectes et de crustacés. Étant donné que ces espèces peuvent se reproduire sur une ou plusieurs générations, ces stocks sont renouvelables sous certaines conditions : s’ils ne sont pas surexploités, si la diversité des espèces est favorisée, si le climat ne change pas brutalement, si la qualité des ressources naturelles n’est pas trop détériorée et si les habitats naturels ne sont pas détruits. Le tableau ci-dessous présente l’estimation du nombre d’espèces menacées d’extinction et d’espèces disparues au niveau mondial.

–  Source : union internationale pour la conservation de la nature (UICN) Liste rouge de l’UICN des espèces menacées[46].

La liste rouge de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN) montre qu’au niveau mondial, sur toutes les espèces menacées inventoriées 85 mammifères, 161 oiseaux, 29 reptiles, 35 amphibiens, 70 poissons, 397 invertébrés (mollusques, crustacés et insectes) et 151 plantes ont disparu en 2016. L’accélération du rythme des extinctions n’est pas provoquée par des phénomènes naturels, mais par l’activité humaine. Avant l’apparition de l’Homo sapiens, ce rythme était d’une espèce par million et par an. Depuis son apparition, ce rythme ne cesse de s’accélérer pour atteindre plus de cent, voire mille espèces par million et par an. Si rien n’est fait, des dizaines de milliers d’espèces risquent de disparaître d’ici 25 ans.

L’accélération de l’extinction des espèces est due à la surpopulation, à la surexploitation économique des forêts et des mers, à l’agriculture et à l’élevage intensif, au réchauffement du climat et à la pollution des ressources naturelles. Puisqu’une grande partie de la biodiversité se développe sous les arbres, la déforestation massive de forêts primaires apparaît comme l’une des principales causes de l’extinction des espèces. Les forages pétroliers, le dégazage des bateaux et l’enfouissement de déchets toxiques et radioactifs contribuent à détériorer l’état des océans. La surexploitation de la pêche et la pollution des côtes provoquent le ralentissement, voire l’arrêt de la reproduction et donc, la disparition de plus de 50 % des espèces connues de poissons qui se reproduisent le long des côtes. À terme, si ce processus se poursuit, les réserves de poissons, dont dépend l’alimentation de millions d’êtres humains, risquent de disparaître. En sélectionnant les plantes à cultiver et les animaux d’élevage, l’industrie agroalimentaire contribue également à la disparition des espèces. En se limitant à douze sortes de plantes et en favorisant cinq races d’animaux (vache laitière Prim’Holstein, porc Large White, chèvres Saanen, moutons Mérinos et poules pondeuses Leghorn blanche)[47], l’agriculture et l’élevage intensifs contribuent à la disparition de la biodiversité et à l’appauvrissement de notre alimentation. En 1999, la FAO a estimé que 75 % des espèces cultivées avaient disparu en un siècle.

Vouloir préserver la biodiversité ne relève pas de la lubie d’écologistes et d’amoureux de la nature. En effet, en provoquant la disparition de la biodiversité, l’Homme contribue à sa propre extinction. Même si l’état des recherches actuelles ne permet pas d’en évaluer les conséquences, la disparition de la biodiversité aura des effets incalculables et irréversibles sur notre condition de vie. Étant donné que la nature peut se passer de la présence de l’Homme, si à court et moyen terme, la surexploitation économique provoquait la disparition de l’espèce humaine, à long terme, la vie reprendrait le dessus. Ce n’est donc pas la nature qui est concernée par la préservation de la biodiversité, mais l’espèce humaine. Au nom de sa qualité de vie et de sa survie, l’Homme doit donc veiller à préserver son environnement naturel et à protéger la biodiversité.

  • La croissance menacerait-elle la biocapacité de la planète ?

L’agriculture et l’élevage intensif, l’industrialisation, les transports routiers et maritimes, la société de consommation et le mode de vie matérialistes des pays industrialisés, qui contribuent à la croissance du PIB, provoquent le réchauffement du climat, la désertification des sols, l’asphyxie de la planète, le gaspillage des eaux utiles, ainsi que la disparition des forêts et de la biodiversité. La croissance sera possible tant que la biocapacité de la planète ne sera pas épuisée. Autrement dit, la croissance sera viable pour l’espèce humaine tant que la nature sera capable d’absorber les conséquences de son exploitation et que ses capacités d’absorption ne seront pas épuisées.

Trois indicateurs permettent de calculer l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. La biocapacité mesure la capacité de l’écosystème à supporter durablement notre mode de vie. L’empreinte écologique mesure le nombre de planètes nécessaires pour assurer le mode de vie d’un individu, d’un pays ou de la population mondiale. L’indicateur d’équivalent carbone calcule la capacité d’absorption qui ne menace pas la biocapacité de la planète. En combinant ces trois indicateurs, il est possible de matérialiser l’impact du développement économique. Le graphique ci-dessous montre l’empreinte écologique et la biocapacité par région du monde en 2008.

–  Source : Rapport Planète Vivante 2012 de WWF[48]

De 1961 à 2008, l’empreinte écologique est passée de 0,6 à 2,7 hectares par habitant (hag/hab) et la biocapacité mondiale disponible par personne de 3,2 à 1,8  (hag/hab). Sur 47 ans, tandis que l’empreinte augmentait de 2,1 hag/hab, la biocapacité diminuait de 1,4 hag/hab. Désormais, chaque être humain ne dispose plus que de 1,8 hectare pour assurer sa survie. Si en 1961, il fallait 0,6 planète pour assurer la survie de l’humanité, en 2008 il en faut 2,7. Le problème, c’est que nous n’en avons qu’une seule. Afin de la réduire, il apparaît nécessaire de commencer par identifier les régions du monde qui ont l’empreinte la plus élevée. En 2008, celles qui avaient la plus élevée étaient l’Amérique du Nord (7,1 hag/hab) et l’Union européenne (4,7 hag/hab). Avec 14,7 hag/hab, le Luxembourg, dont les principales activités économiques sont la finance et l’optimisation fiscale (LuxLeaks), détient l’empreinte la plus élevée au monde. Ces régions, qui comprennent 12,4 % de la population mondiale, ont donc déjà très largement dépassé les capacités d’absorption de leurs territoires. Si tous les habitants de la planète souhaitaient vivre comme un Européen, il faudrait 4 planètes pour assurer ce mode de vie matérialiste. Il en faudrait 7, s’ils souhaitaient vivre comme un Américain du Nord et 14 comme un Luxembourgeois.

L’empreinte écologique de l’Asie Pacifique (Inde, Chine, Indonésie, etc…) et de l’Afrique, qui représentent à eux deux 69,8 % de la population mondiale, était de 1,6 et de 1,45 hag/hab. Si les deux régions les plus peuplées atteignaient la biocapacité de leur territoire, l’empreinte mondiale risquerait d’atteindre plus de 3 planètes. En ce qui concerne les autres pays européens, l’Amérique Latine, le Moyen Orient et l’Asie Centrale, qui comprennent 17,9 % de la population mondiale, ils ont désormais un déficit compris entre 0,7 et 2,2 hag/hab. Tandis qu’en 2003, ces régions du monde n’avaient pas encore dépassé leur biocapacité, en 2008, à cause de la surpopulation et du développement économique, elles les ont épuisées. Avec une empreinte écologique de 11,7 hag/hab, le pays du Moyen Orient qui se distingue une fois de plus est le Qatar.

Le GIEC a calculé que la capacité d’absorption de l’écosystème de la planète était de 3 000 milliards de tonnes d’équivalents carbone par an. En fonction de la population mondiale, cet indice permet de calculer le nombre de kg de carbone qu’un individu peut consommer par an sans aggraver son impact sur l’environnement. Afin d’éviter l’effondrement écologique et climatique annoncé, il existe donc deux options : limiter la consommation d’équivalent carbone ou limiter la population mondiale. La première option consiste à limiter la consommation d’équivalent carbone de chaque habitant de la planète. Étant donné qu’en 2013, la population mondiale comprenait 7,1 milliards de personnes, pour ne pas dépasser 3 000 milliards de tonnes par an, le nombre de kg de carbone par habitant devra être limité à 420 kg. L’empreinte carbone des Européens et des Américains du Nord étant comprise entre 2 000 et 4 500 kg, c’est à la population de ces pays que revient le devoir et la responsabilité de tendre volontairement et dans un délai de moins de 10 ans, vers un mode de vie plus sobre, tel que la « Simplicité volontaire »[49] ou la « Sobriété heureuse »[50].

La seconde option consiste à limiter la population mondiale. Si le mode de vie matérialiste des pays occidentaux n’est toujours pas négociable et que la population mondiale souhaite consommer comme un Européen ou un Américain, il faudrait la limiter à 1,5 milliard ou à 666 millions d’habitants. En fonction de ce choix, il sera nécessaire de supprimer rapidement un surplus de populations compris entre 5,6 ou 6,5 milliards de personnes. Puisqu’aucun chef d’État ou être humain sain d’esprit n’aurait l’idée et la volonté d’exterminer plus de 5,5 milliards d’individus, cette option relève de la science-fiction ou de la théorie du complot. La disparition de plus de 5 milliards d’habitants, voire l’extinction de l’espèce humaine à moyen terme, ne proviendra donc pas d’une extermination rapide et brutale, mais d’une dégradation lente, progressive et continue des conditions de vie des générations présentes et à venir de l’ensemble de la planète. Cette dégradation concernera d’abord les populations les plus pauvres des pays émergents, pour s’étendre ensuite aux classes populaires et moyennes des pays industrialisés. Ce processus, qui est déjà en marche, s’amplifiera au rythme des phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que de l’épuisement des matières premières et des ressources naturelles. Les guerres, pour le contrôle des stocks restants d’énergies fossiles, de minerais, d’eaux utiles, de terres arables encore cultivables et de zones géographiques viables d’un point de vue climatique, ne feront qu’accélérer ce processus.

Une croissance du PIB illimitée dans un monde aux ressources limitées n’est pas viable. Si le choix de soutenir un taux de 5,5 % par an pendant 5 ans était tout de même retenu, à court terme elle contribuerait au réchauffement du climat, à l’épuisement des stocks d’énergies fossiles et de minerais, à la pollution de l’eau, de l’air et des sols et à la disparition de la biodiversité dont dépend le développement économique et la survie de l’humanité à moyen et long terme. Autrement dit, il provoquera l’effondrement de la civilisation. Ce choix, qui va à l’encontre de toutes les lois de la science, de la physique, de l’économie, de la nature et de la raison, n’a d’intérêt que pour une petite poignée de fanatiques idéologiques, de malades mentaux et d’irresponsables qui ne s’intéressent qu’au pouvoir et à leurs petits profits à court terme.

Au lieu d’utiliser les gains de productivité pour innover et développer de nouveaux secteurs d’activités, l’heure est donc venue de les utiliser pour réduire le temps de travail. La réduction du temps de travail apparaît désormais comme la seule solution envisageable pour, d’une part, en finir avec le chômage des 7 millions d’actifs sans emploi, et, d’autre part, favoriser un mode de vie plus sobre en moins de 10 ans. Ce choix n’apparaît donc pas comme un choix économique, mais comme un choix de société dont dépendent la survie et l’avenir de l’humanité.

Jean-Christophe Giuliani

 

Cet article est extrait de l’ouvrage « En finir avec le chômage : un choix de société ! ».  Ce livre permet d’appréhender les enjeux du choix entre la relance de la croissance du PIB ou de la réduction du temps de travail. Vous pouvez le commander sur le site des Éditions du Net sous un format ePub ou Papier.


Pour accéder aux pages suivantes :

La réduction du temps de travail peut-elle supprimer le chômage ?

– La croissance du PIB peut-elle supprimer le chômage ?

 

[1] Wikipédia, Global temperature, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2016), https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Global_temperature_1ka.png?uselang=fr#filelinks

[2] For the years 1000–1880, temperature estimates were taken from P.D. Jones & M.E. Mann (2004): « Climate over past millenia ». Reviews of Geophysics, 42, article number RG2002. For the remainder, temperatures are based on instrumental records published on the web by P.D. Jones, D.E. Parker, T.J. Osborn & K.R. Briffa (2005) as « Global and hemispheric temperature anomalies – land and marine instrumental records ». In Trends: A Compendium of Data on Global Change. Carbon Dioxide Information Analysis Center, Oak Ridge National Laboratory, U.S. Department of Energy, Oak Ridge, Tenn., U.S.A, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2016), http://cdiac.esd.ornl.gov/trends/temp/jonescru/jones.html.

[3] GIEC, Changement climatique 2007, rapport de synthèse, [En ligne] (consulté le 15 mars 2017) http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf

[4] Assemblée national, Rapport d’information n°2124, Préparation conférence de Copenhague, [En ligne] (consulté le 25 octobre 2016), http://www.assemblee-nationale.fr/13/europe/rap-info/i2124.asp

[5] Définition ppb : partie par milliard et ppm :partie par million

[6] Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, [En ligne] (consulté le 21 octobre 2016), http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.PC

[7] Ibid.

[8] OCDE, Donnée OCDE sur environnement, émission de CO2 dues à l’utilisation de l’énergie par source (a), 1980-2005 [En ligne] (consulté le 21 octobre 2016), https://www.oecd.org/env/indicators-modelling-outlooks/38105210.pdf

[9] Boittiaux Pascaline (2017), Le coût du changement climatique, Statista, [En ligne] (consulté le 9 décembre 2018), https://fr.statista.com/infographie/11653/le-co%25C3%25BBt-du-changement-climatique/

[10] Pauthier Alice (2015), L’assurance des risques climatiques, OGéod, [En ligne]. (consulté le 9 décembre 2018), http://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2015/06/Og%C3%A9od-assurance-risque-climatiques-9-juin.pdf

[11] C Durable.info, Rapport Stern : le réchauffement climatique Le coût du réchauffement climatique est évalué à 5.500 milliards d’euros, [En ligne]. (consulté le 3 décembre 2018), http://cdurable.info/Rapport-Stern-Cout-du-rechauffement-climatique-5500-milliards-d-euros.html

[12] OCDE, Les conséquences économiques du changement climatique, [En ligne]. (consulté le 9 décembre 2018), https://read.oecd-ilibrary.org/environment/les-consequences-economiques-du-changement-climatique_9789264261082-fr#page1

[13] La banque mondiale, Le PIB monde ($ US courant), [En ligne]. (consulté le 9 décembre 2018), https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/ny.gdp.mktp.cd

[14] Klein Naomi, Op-Cit, page 465.

[15] US Geological Survey 2012, Réserves ressources énergétiques et minérales, [En ligne] (consulté le 15 mars 2017), https://docs.google.com/spreadsheets/d/1NKAgc8K5nhlyfoshB-cB-NehD1AIIOT-DnbIgKP58-w/edit#gid=0

[16] International Energy Statistics, Total Primary Energy Production 2014, [En ligne] (consulté le 15 mars 2017), https://www.eia.gov/beta/international/data/browser/#/?vs=INTL.44-1-AFRC-QBTU.A&vo=0&v=H&start=1980&end=2014

[17] BP, BP statistical Review of World Energy june 2016, [En ligne] (consulté le 29 octobre 2016), http://www.bp.com/content/dam/bp/pdf/energy-economics/statistical-review-2016/bp-statistical-review-of-world-energy-2016-full-report.pdf

[18] Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, [En ligne]. (consulté le 21 octobre 2016), http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.PC

[19] Banque mondiale, Consommation d’énergie par habitant, [En ligne] (le 31 octobre 2016), https://www.google.fr/publicdata/explore?ds=d5bncppjof8f9_&met_y=eg_use_pcap_kg_oe&idim=country:LUX:NLD:CHE&hl=fr&dl=fr#!ctype=l&strail=false&bcs=d&nselm=h&met_y=eg_use_pcap_kg_oe&scale_y=lin&ind_y=false&rdim=country&idim=country:CAN&ifdim=country&hl=fr&dl=fr&ind=false

[20] Wikipédia, Opération Ajax, [En ligne] (consulté le 8 novembre 2016), https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Ajax

[21] La Vie, 3 minutes pour comprendre : les enjeux énergétiques de la guerre en Syrie, [En ligne] (consulté le 8 novembre 2016), http://www.lavie.fr/medias/webreportages/3-minutes-pour-comprendre-les-enjeux-energetiques-de-la-guerre-en-syrie-05-09-2013-43762_455.php

[22] US Geological Survey 2012, Réserves ressources énergétiques et minérales, [En ligne] (consulté le 15 mars 2017), https://docs.google.com/spreadsheets/d/1NKAgc8K5nhlyfoshB-cB-NehD1AIIOT-DnbIgKP58-w/edit#gid=0

[23] International Energy Statistics, Total Primary Energy Production 2014, [En ligne] (consulté le 15 mars 2017), https://www.eia.gov/beta/international/data/browser/#/?vs=INTL.44-1-AFRC-QBTU.A&vo=0&v=H&start=1980&end=2014

[24] CITEPA, Polluants atmosphériques et gaz à effet de serre, [En ligne] (consulté le 21 octobre 2016), http://www.citepa.org/fr/air-et-climat/polluants/poussieres-en-suspension.

[25] Ibid.

[26] Ibid.

[27] Airparif, Le carbone suie : enjeu présent et futur, [En ligne] (consulté le 9 novembre 2016), http://www.airparif.asso.fr/actualite/detail/id/127

[28] Ibid

[29] FAO, Les sols sont en danger, mais la dégradation n’est pas irréversible, [En ligne] (consulté le 10 novembre 2016), http://www.fao.org/news/story/fr/item/357221/icode/

[30] Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, L’utilisation des engrais azotés en France, [En ligne] (consulté le 10 novembre 2016), http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/2396/0/lutilisation-engrais-azotes-france.html

[31] Ibid.

[32] Wikipédia, Impact environnemental de l’élevage, [En ligne] (consulté le 4 janvier 2019), https://fr.wikipedia.org/wiki/Impact_environnemental_de_l%27%C3%A9levage

[33] Sénat, Eau : Urgence déclarée, rapport d’information n 616, déposé le 19 mai 2016, [En ligne] (consulté le 24 novembre 2016), http://www.senat.fr/rap/r15-616/r15-616_mono.html

[34] Ibid.

[35] Delhommais Pierre-Antoine (2013), Bretagne, tout n’est pas bon dans le cochon !, Le Point, [En ligne] (consulté le 12 décembre 2018), https://www.lepoint.fr/environnement/bretagne-tout-n-est-pas-bon-dans-le-cochon-30-10-2013-1749816_1927.php

[36] Amiot Hervé (2013), Eau et conflits dans le bassin du Jourdain, Les clés du Moyen-Orient, [En ligne] (consulté le 12 décembre 2018), https://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du-Jourdain.html

[37] Ibid.

[38] FAO, Chapitre trois – L’utilisation de l’eau en agriculture, [En ligne] (consulté le 24 novembre 2016), http://www.fao.org/docrep/007/y4683f/y4683f07.htm

[39] OCDE, Déchets municipaux Total, Milliers de tonnes, 1975 – 2014, [En ligne]. (consulté le 30 novembre 2016), https://data.oecd.org/fr/waste/dechets-municipaux.htm. Par déchets municipaux, on entend les déchets collectés et traités par ou pour les communes. Ils comprennent les déchets des ménages, y compris les encombrants, les déchets assimilés produits par les activités commerciales, les bureaux, les institutions et les petites entreprises, ainsi que les déchets d’entretien des jardins et des espaces verts, les déchets de nettoiement de la voirie, le contenu des poubelles publiques et les déchets des marchés s’ils sont traités comme des déchets ménagers. La définition exclut les déchets issus de l’assainissement des eaux usées urbaines, ainsi que les déchets des activités de construction et de démolition. Cet indicateur est mesuré en milliers de tonnes et en kilogrammes par habitant.

[40] Preisser Pierre et Haddag Lyes, Expliquer la production de déchets ménagers parisiens sur la période 1949-2004, [En ligne] (consulté le 30 novembre 2016), http://www.memoireonline.com/05/07/449/production-dechets-menagers-parisiens-1949-2004.html

[41] ADEM, Déchets chiffres clés, [En ligne] (consulté le 15 mars 2017), http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/dechets_chiffres-cles2016_8813.pdf

[42] FFB.com, Déchets de chantier, les réponses aux questions que vous vous posez, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2016), http://www.dechets-chantier.ffbatiment.fr/res/dechets_chantier/PDF/Dechets_QR_231014_V5protege.pdf

[43] Le Monde.fr, Boues rouges de Gardanne : quand l’Etat accorde des permis de polluer, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2016), http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/02/01/permis-de-polluer_4856881_3244.html

[44] Delhommais Pierre-Antoine (2013), Bretagne, tout n’est pas bon dans le cochon !, Le Point, Op-Cit.

[45] WWF, Zero déforestation, [En ligne]. (consulté le 29 décembre 2016), http://www.wwf.fr/_core/general.cfc?method=getOriginalImage&uImgID=%24%2A%22%5C%2D%22%40%20%20%0A

46] UICN, La Liste rouge mondiale des espèces menacées, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2016), http://cmsdocs.s3.amazonaws.com/summarystats/2016-3_Summary_Stats_Page_Documents/2016_3_RL_Stats_Table_3a.pdf

[47] Chapelle Sophie (2016), Élevage industriel : la biodiversité animale sous contrôle des multinationales, Observatoire des multinationales, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2018), http://multinationales.org/Elevage-industriel-la-biodiversite-animale-sous-controle-des-multinationales

[48] WWF, Rapport planète vivante 2012, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2016), http://www.wwf.fr/vous_informer/rapports_pdf_a_telecharger/planete_vivante/?1383/Rapport-Plante-Vivante-2012

[49] Wikipédia, Simplicité volontaire, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2018), https://fr.wikipedia.org/wiki/Simplicit%C3%A9_volontaire

[50] Colibri, Vivre simplement : la sobriété heureuse, [En ligne] (consulté le 30 décembre 2018), https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/vivre-simplement-sobriete-heureuse

Une réflexion sur « Croissance du PIB = Effondrement »

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