La croissance du PIB aurait-elle un impact sur la pollution de l’air ?

Jean-Christophe Giuliani

La survie et le développement des espèces vivantes et donc, de l’Homme dépendent de la respiration d’un air chargé en oxygène. L’air que nous respirons au quotidien est composé d’oxygène et d’autres particules plus ou moins nocives pour la santé. L’activité industrielle, les transports, l’agriculture et le chauffage résidentiel rejettent du monoxyde de carbone (CO), de l’oxyde de soufre (SO2), de l’oxyde d’azote (NO2) et d’autres particules fines (PM2,5, PM1,0 et carbone suie). Ces rejets, qui contribuent à détériorer la qualité de l’air, ont un point en commun, ils sont dangereux pour la santé. L’augmentation des affections bénignes (fatigue, nausées, irritation des yeux et de la peau) et de maladies graves (asthme, allergies, cancers, maladies cardio-vasculaires, etc…) dues à la pollution de l’air est le signe de sa dégradation. Un rapport de l’OMS datant de l’année 2000 montrait que l’exposition permanente aux particules fines provoquait chaque année environ 350 000 décès prématurés en Europe, dont 42 000 en France[24].

De 1973 à 2013, la qualité de l’air s’est améliorée en France : les rejets de CO ont diminué de 71 %, ceux de SO2 de 94 % et ceux de NO2 de 45,4 %. En ce qui concerne les particules fines, de 1991 à 2013, les rejets de PM2,5 ont diminué de 59,5 %, ceux de PM1,0 de 64,9 % et ceux de carbone suie de 50,6 %[25]. Les réglementations et les mesures prises (favoriser le vélo, limiter la circulation et réduire la vitesse en ville, filtres pour les usines et les véhicules diesel, etc…) ont permis de réduire ces rejets sur l’ensemble du territoire. Malgré ces réductions, ils sont toujours très élevés sur les grands axes routiers et la pollution de l’air est l’une des principales préoccupations des grandes agglomérations. Le graphique ci-dessous présente la qualité de l’air en nombre de jours de la région parisienne en fonction de zones à forts ou à faibles trafics routiers en 2012.

–  Source : Airparif, qualité de l’air en Ile de France en 2012, mars 2013[26]

Ce graphique montre que la qualité de l’air de la région parisienne varie de manière significative entre les zones à forts ou à faibles trafics routiers. En 2012, les populations situées dans les zones à faibles trafics (zone rurale, forêt de Fontainebleau, Bois-Herpin, etc…) bénéficiaient d’un air de bonne qualité 236 jours, de qualité moyenne 108 jours et de mauvaise qualité 21 jours par an. En revanche, celles situées dans les zones à forts trafics (Paris Centre, Avenue des champs Élysée, boulevard périphérique, A1 niveau St Denis, RN2 Pantin, etc…) sont exposées à un air de qualité moyenne 211 jours et de mauvaise, voire de très mauvaise qualité 150 jours par an.

Le rapport de Airparif de 2013 montre que plus de 3 millions de Parisiens sont régulièrement exposés à des valeurs de NO2 qui atteignaient 40 μg/m3. Puisque 63,8 % du parc automobile français est composé de véhicules à moteur diesel, plus de 80 % du carbone suie mesuré à proximité du boulevard périphérique provient de la combustion de camions et de voitures diesel[27]. À cause de ces véhicules, 11,7 millions de Parisiens[28] sont soumis à des teneurs en particules fines (PM2,5) comprises entre 30 et 50 μg/m3, qui sont supérieures à la limite annuelle de 27 μg/m3 à ne pas dépasser pour préserver sa santé. Ce qui est vrai pour les zones à forts trafics routiers de la région parisienne l’est également pour les grandes agglomérations françaises (Lyon, Marseille, Lille, Nice, etc…) et étrangères (New York, Londres, Rome, Pékin, Tokyo, Mexico, New Delhi, etc…).

Étant donné que les rejets augmentent au rythme du développement économique, si ce processus se poursuit, l’oxygène de l’air, qui répond à un besoin vital, sera progressivement remplacé par des particules nocives pour la santé. La pollution de l’air étant étroitement liée à l’activité économique, relancer la croissance du PIB ne semble pas être une solution envisageable pour préserver la santé et la qualité de vie de la population.

Jean-Christophe Giuliani

 

Cet article est extrait de l’ouvrage « En finir avec le chômage : un choix de société ! ». Ce livre permet d’appréhender les enjeux du choix entre la relance de la croissance du PIB ou de la réduction du temps de travail. Vous pouvez le commander sur le site des Éditions du Net sous un format ePub ou Papier.


Pour accéder aux pages suivantes :

– La croissance du PIB serait-elle responsable du réchauffement climatique ?

– La croissance du PIB épuiserait-elle les stocks de matières premières ?

– La croissance du PIB épuiserait-elle les ressources biologiques ?

 


[24] CITEPA, Polluants atmosphériques et gaz à effet de serre, [En ligne] (consulté le 21 octobre 2016), http://www.citepa.org/fr/air-et-climat/polluants/poussieres-en-suspension.

[25] Ibid.

[26] Ibid.

[27] Airparif, Le carbone suie : enjeu présent et futur, [En ligne] (consulté le 9 novembre 2016), http://www.airparif.asso.fr/actualite/detail/id/127

[28] Ibid

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