Les enjeux du phénomène d’entropie

Afin de comprendre l’une des causes des transformations sociales, il est parfois pertinent de faire un détour par les phénomènes d’entropie. Lorsqu’un système énergétique a atteint son point d’équilibre, l’écart d’intensité entre les forces psychiques et les potentiels énergétiques n’est pas suffisant pour provoquer une transformation. L’écart étant trop faible, l’individu ne ressent pas de déséquilibres et de conflits intérieurs. Dans ce cas, il n’est pas motivé à entreprendre d’actions pour rétablir son équilibre interne.

« La chaleur ne peut se transformer en travail que si elle passe d’un corps plus chaud à un corps moins chaud. Mais le travail mécaniste se transforme toujours en chaleur qui, suite à sa basse intensité, ne peut plus se transformer en travail. » Sadi Carnot.

Un salarié disposant d’un haut niveau d’étude universitaire qui serait contraint à une tâche professionnelle simple et répétitive n’éprouvera pas de difficulté à effectuer sa mission. Ne provoquant pas de tension et d’effort particulier, cette dépense d’énergie ne provoquera pas de transformations. Par contre, si cette situation se prolonge sur une longue période, elle risque de provoquer sa régression intellectuelle ou un phénomène d’entropie.

Le phénomène d’entropie apparaît lorsqu’il existe un écart important entre la force psychique et les potentiels énergétiques actualisés. Face à un nouveau projet qui répond à ses aspirations, à des connaissances qu’il ne maîtrise pas ou aux aspirations de sa structure intérieure qu’il est contraint de refouler, l’individu peut être confronté à un phénomène d’entropie. Ce phénomène produit un état de déséquilibres et de conflits intérieurs proportionnels à l’écart d’intensité entre la force psychique et les potentiels énergétiques actualisés. Étant proportionnelles à l’écart, plus les conflits intérieurs sont importants, plus les possibilités de changement sont possibles.

« L’expérience psychologique de tous les jours nous apporte des preuves de l’exactitude de cette proposition : les conflits les plus graves, une fois surmontés, laissent après eux une sécurité et un calme ou une brisure que l’on ne peut plus guère modifier ou guérir et inversement, il faut justement de très grands contrastes et leur conflagration pour produire des réussites précieuses et durables. » Carl Gustav Jung [1]

En effet, les tensions intérieures provoquées par le phénomène d’entropie sont les symptômes qu’un changement est possible. Lorsqu’un individu est confronté à des conflits intérieurs importants, il est motivé à réduire cet écart pour retrouver son équilibre. Le seul moyen à sa disposition pour le rétablir est d’actualiser ses potentiels. Étant fortement motivé, il aura la volonté et le courage d’expérimenter de nouvelles pratiques qui lui permettront d’actualiser ses potentiels. Tant qu’il n’expérimentera pas de nouvelles stratégies, ses conflits intérieurs perdureront.

Au début de l’année, le niveau d’un étudiant se situe entre 0 ou 1. Pour obtenir un diplôme, il devra atteindre en fin d’année un niveau se situant entre 8 ou 9. S’il ne travaille pas, les échecs qu’il rencontrera risqueront de produire des tensions intérieures. Pour combler cet écart, il devra dépenser du temps et de l’énergie à développer ses connaissances et ses compétences. En comblant cet écart, il actualisera ses potentiels et fera disparaître ses tensions internes.

Le phénomène d’entropie peut expliquer la transformation d’un individu, d’un groupe ou d’une société. Au 21e siècle, l’écart entre ce que les populations des pays industrialisés vivent au quotidien et leurs aspirations non actualisées étant de plus en plus importantes, ils sont confrontés à un phénomène d’entropie. Les symptômes de ce phénomène sont, en partis, les suivants : l’augmentation de la consommation d’antidépresseurs, d’alcool et de drogues, de maladies psychosomatiques et des fils d’attentes en psychiatrie adulte. Étant incapable de répondre de manière satisfaisante aux besoins psychosociaux et de réalisation, le mode de vie dicté par la Religion économique est en grande partie responsable de cet écart. Temps qu’un nouveau projet de société ne permettra pas aux individus d’expérimenter de nouvelles pratiques pour satisfaire leurs besoins d’appartenance, destime et de réalisation autrement que par l’activité professionnelle et la consommation, cet écart ne cessera de s’élargir. Après avoir étudié les moyens de gaspiller ou de sublimer ces surplus et le phénomène d’entropie, nous aborderons les enjeux des approches mécanistes causales et énergétistes.

Pour accéder aux pages suivantes :

– Les enjeux des conceptions mécanistes et énergétistes


[1] Jung Carl Gustav, L’énergétique Psychique, Genève, Georg, 1993, page 47.

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