« Le temps libre, déclare le premier ministre Pierre Mauroy en 1981, lors d’un voyage dans l’Hérault, c’est tout le temps dont on dispose après le travail. C’est le temps gagné, c’est le temps libéré. Je crois que nous sommes habitués, depuis des temps immémoriaux finalement, à travailler ; on a l’impression que la vie c’est le travail. Je ne propose pas du tout une vie où il n’y aurait pas de travail, loin de là. Mais je crois que nous allons vers des temps où il y aura le temps de travail, qui sera un temps fort, mais un temps plus court, et tout le reste sera du temps libre. » Pierre Mauroy[1].
« […] De partager le peu de travail qu’il restera à faire, entre autant de personnes qu’il est possible. Trois heures par jour, et une semaine de 15 heures constitueront une transition utile pour commencer. Car 3 heures de travail par jour suffiront encore amplement à satisfaire en nous le vieil Adam. » John Maynard Keynes[2]
« En réduisant leur temps de travail il risquait surtout d’échapper à l’emprise de la rationalité économique découvrant que plus ne vaut pas nécessairement plus, que gagner et consommer plus ne signifie pas nécessairement vivre mieux, donc qu’il peut y avoir des revendications plus importantes que les revendications salariales. » André Gorz[3]
La croissance du PIB n’étant plus envisageable, la réduction de la durée légale du temps de travail apparaît comme la seule solution pour en finir avec le chômage. Depuis la loi Aubry sur les 35 heures, la réduction du temps de travail ne fait plus l’objet de débats. Que ce soit au PS ou à l’UMP, s’ils parlent de la durée du travail, c’est pour abroger les 35 heures ou l’augmenter. En ce qui concerne le MEDEF, il considère la réduction du temps de travail comme un frein à la compétitivité des entreprises françaises et donc, la cause du chômage.
Comme lors de la crise de 29, nous sommes à nouveau confrontés au choix entre le New Deal et la loi Black. Le fait que les élites économiques et politiques évitent d’ouvrir ce débat est probablement dû au fait que la réduction de la durée légale du temps de travail n’est pas un choix économique, mais un choix de société. Mais avant d’approfondir les enjeux du temps libre, il apparaît nécessaire de calculer le nombre d’heures qu’il faudrait travailler pour supprimer le chômage.
La réduction de la durée légale du temps de travail apparaît désormais comme la seule solution envisageable pour en finir avec le chômage. Tandis que les écologistes et la France Insoumise proposent de la réduire à 32 heures, Michel Rocard et Pierre Larrouturou proposent la semaine de 4 jours[1]. Puisqu’en 1981 la durée moyenne du temps de travail était de 39 heures, ces propositions auraient dû être mises en œuvre dès 1982. En 2013, la durée moyenne étant de 34 heures, fixer la durée légale à 32 heures permettrait à peine d’enrayer la hausse du chômage. Même si elle permettait de créer 2,8 millions d’emplois[2], il resterait encore une armée de réserve de 4,2 millions d’actifs sans emploi et de salariés à temps partiel « subi » pour exercer une pression sur les salariés en postes. Pour en finir définitivement avec le chômage et la peur du chômage, il est donc nécessaire de créer 7 millions d’emplois sécurisés et stables.
-
Combien d’heures devrions-nous travailler pour en finir avec le chômage ?
Pour créer 7 millions d’emplois, je propose de partager le volume total d’heures de travail effectué par les salariés qui occupent un emploi à temps plein entre tous les membres de la population active. L’équation ci-dessous permet de calculer la durée du temps de travail hebdomadaire qui supprimera le chômage.
– Soit, Pop est la population totale : 65 899 406 hab[3].
– « , TPa est le taux population comprise entre 15 et 59 ans : 57,57 %[4].
– « , E est le nombre élèves second cycle et étudiants : 5 317 800[5].
– « , VHtb est le volume total heures travaillées par branche : 40 271 480 379[6].
– « , S est le nombre semaines annuelles : 52 semaines.
– « , Dh est la durée temps travail hebdomadaire supprimera chômage.
En 2013, comme 57,6 % des 65,8 millions de Français avaient entre 16 à 59 ans, la population active comprenait 37,9 millions de personnes. Composée de 5,3 millions d’élèves et d’étudiants, elle comprenait 32,6 millions d’actifs. Si ces actifs se partageaient les 40,2 milliards d’heures, ils travailleraient 1 235 heures par an. Les 1 235 heures de travail étant réparties sur 52 semaines, la durée du temps de travail hebdomadaire qui supprimera le chômage (Dh) est donc de 23,7 heures.
– Soit, JRLh est le nombre jours repos légaux hebdomadaires : 2 jours.
– « , Jh est le nombre jours semaine : 7 jours.
– « , Dh est la durée temps travail hebdomadaire supprimera chômage : 23,7 heures.
– « , Dq est la durée journée travail quotidien supprimera chômage.
Ayant droit à 2 jours de repos légaux, un salarié travaille 5 jours par semaine. La Dh de 23,7 heures étant réparti sur 5 jours, la durée de la journée (Dq) sera de 4,75 heures.
Le fait que la durée de la journée de travail quotidienne qui supprimera le chômage (Dq) soit de 4,75 heures invite à réfléchir sur la durée minimum d’une journée de travail. Si un salarié se déplaçait 5 jours par semaine pour travailler 4,75 heures, son revenu quotidien serait insuffisant pour financer ses frais de transports, de repas, d’entretiens, de réparations et d’essences. D’un point de vue écologique et énergétique, qu’il travaille 8 ou 4,75 heures, la consommation d’essence, la pollution de l’air et les rejets de CO2 occasionnés par les transports sont identiques. Au lieu de réduire le temps de travail en heures, pour limiter les embouteillages, la pollution, les rejets de CO2, le gaspillage de carburant et les frais liés aux transports, je propose de fixer la durée légale du temps de travail quotidien (DLq) à 8 heures et donc, de réduire la durée en jours. L’équation ci-dessous permet de calculer le nombre de journées de travail hebdomadaire qui supprimera le chômage.
– Soit, Dh est la durée temps travail hebdomadaire supprimera chômage : 23,7 heures.
– « , DLq est la durée légale temps travail quotidien : 8 heures.
– « , JTc est le nombre journées travail hebdomadaire supprimera chômage.
Le Dh étant de 23,7 heures, si la DLq était 8 heures, le JTc serait de 2,97 jours, soit 3 jours. Pour en finir avec le chômage, le nombre de journées de travail légal hebdomadaire sera donc de 3 jours.
Le nombre de journées de travail légal hebdomadaire (JTLh) étant défini, il est possible de calculer la durée légale du temps de travail hebdomadaire, mensuelle et annuelle.
– Soit, JTLh est le nombre journées travail légal hebdomadaire : 3 jours.
– « , DLh est la durée légale temps travail hebdomadaire.
Le JTLh étant de 3 jours par semaine et la DLq de 8 heures, la DLh sera de 24 heures.
– Soit, DLh est la durée légale temps travail hebdomadaire: 24 heures.
– « , Μ est le nombre mois par an : 12 mois.
– « , DLm est la durée légale temps travail mensuel :
Puisque la durée légale hebdomadaire (DLh) sera de 24 heures et qu’une année comprend 52 semaines réparties sur 12 mois, la durée légale mensuelle (DLm) sera de 104 heures.
– Soit, DLh est la durée légale temps travail hebdomadaire : 24 heures.
– « , DLa est la durée légale temps travail annuel.
Étant donné que tous les salariés travailleront 24 heures durant 52 semaines, la durée légale annuelle (DLa) sera de 1 248 heures. Pour en finir avec le chômage, la peur du chômage et le travail à temps partiel « subi », le gouvernement devra donc faire voter deux lois : fixer la durée légale de la journée de travail à 8 heures et limiter le nombre de journées de travail légal hebdomadaire à 3 jours pour tous les salariés, qu’ils soient cadres, employés et ouvriers.
Utiliser les gains de productivité pour réduire la durée légale de la semaine de travail à 3 jours n’est pas une idée neuve ou une utopie. Dans « La ferme des animaux », George Orwell proposait déjà d’utiliser le progrès technique pour travailler 3 jours par semaine[7]. En 2009, pour éviter des licenciements, les dirigeants du Financial Time[8] et d’Aston Martine[9] ont proposé à leurs salariés de partager l’emploi en réduisant la semaine de travail à 3 jours. Le 21 juillet 2014, le multimilliardaire Carlos Slim défendait la semaine de 3 jours : « Avec trois jours de travail par semaine, nous aurions plus de temps pour nous détendre, pour la qualité de vie. Avoir quatre jours de repos serait très important pour générer de nouvelles activités de divertissement et d’autres manières de s’occuper. »[10] La semaine de 3 jours ne concerne pas que la création d’emploi, elle a également un impact positif sur le bien-être, les capacités cognitives[11] et la santé psychique des salariés[12], ainsi que sur la performance des entreprises.
Ces dirigeants d’entreprises et ce multimilliardaire ne proposent pas la semaine de 3 jours par générosité ou philanthropie, mais parce qu’elle est bénéfique aux intérêts des entreprises. En travaillant 3 jours par semaine, le moral des salariés sera meilleur. Comme il s’améliorera, non seulement la productivité augmentera, mais en plus, les coûts liés aux accidents du travail et à l’absentéisme diminueront. Le cercle vertueux de la hausse de ces gains et de la baisse de ces coûts provoquera une hausse des bénéfices. L’exemple de l’entreprise Kellogg’s permet d’illustrer les intérêts de la réduction du temps de travail. En 1930, pour créer des emplois et se développer, la direction de Kellogg’s a décidé de réduire le temps de travail de ses salariés à 30 heures par semaine[13]. Pour cela, elle a réorganisé ses postes de travail : 4 postes de 6 heures au lieu de 3 de 8 heures et augmenté la rémunération horaire de ses salariés de 12,5 %. En 1935, lors de la publication de ses résultats, la direction de Kellogg’s a déclaré que la semaine de 30 heures avait été bénéfique. Le moral des salariés étant meilleur, la productivité avait augmenté, tandis que les coûts de production et les frais d’assurances avaient diminué. En effet, les coûts généraux ont chuté de 25 %, les coûts du travail se sont réduits de 10 %, les accidents de travail ont diminué de 41 % et les effectifs de Kellogg’s ont augmenté de 39 % par rapport à 1929. Pour toutes ces raisons, la réduction de la durée légale de la semaine de travail à 3 jours sera bénéfique aux intérêts des entreprises, des salariés et de la société dans son ensemble.
La semaine de 3 jours favorisera également l’aménagement du temps de travail de l’ensemble des acteurs économiques.
-
Les enjeux de l’aménagement du temps de travail
La réduction de la durée légale de la semaine de travail à 3 jours favorisera également l’aménagement du temps de travail de l’ensemble des acteurs économiques : les employés, les ouvriers, les cadres, ainsi que les entrepreneurs, les chefs d’entreprises, les professions libérales, les agriculteurs, les artisans et les commerçants. Afin de la faciliter, la semaine de travail de toutes les entreprises sera planifiée sur 6 jours au lieu de 5 actuellement. Un poste ou une unité de travail sera partagé entre deux salariés ou deux équipes qui se succéderont tous les 3 jours.
Ne nécessitant pas une expertise particulière, la plupart des emplois sont parfaitement adaptés à la semaine de 3 jours. Par exemple, le personnel d’un hypermarché comprend un directeur, des chefs de secteurs, des responsables de rayons, des conseillers de ventes, des logisticiens, des hôtesses de caisse, ainsi que des employés au service livraison, SAV, sécurité, comptabilité, administrative, etc… Du directeur aux services administratifs, les effectifs du magasin seront multipliés par deux pour constituer deux équipes distinctes. Tandis que les salariés de l’équipe n 1 prendront en charge l’activité du magasin du lundi matin au mercredi soir, ceux de la n°2 s’en chargeront du jeudi matin au samedi soir. Afin d’assurer la transition, la continuité et la qualité du travail entre les équipes n°1 et n°2, des consultants en organisation auront la mission de mettre en œuvre des méthodes et des procédures d’organisation du travail. Puisqu’ils savent déjà organiser les 3/8 (trois salariés se partagent un poste 8 heures par jour), aménager un poste de travail pour deux salariés qui se le partageront 3 jours sur 6 ne semble pas insurmontable.
En fonction des impératifs de leurs missions, de leurs niveaux de responsabilité et de leurs projets de vie, tous les salariés auront la liberté de choisir d’aménager leur emploi du temps en heures ou en jours sur le mois, le trimestre, le semestre ou l’année.
Qu’il soit en jours ou en heures, l’aménagement du temps de travail permettra de multiples formes d’organisation. Par exemple, à la fin de l’année n-1, les deux directeurs d’un même magasin pourraient décider de travailler un semestre par an : le directeur de l’équipe n°1 effectuera ses 156 jours le premier semestre, celui de la n°2 le second. Suite à un accord signé en fin d’année n-1, les deux équipes d’un même magasin pourraient également décider de travailler un semestre par an : les salariés de l’équipe n°1 travailleront 1 248 heures le premier semestre, ceux de la n°2 le second. La rémunération étant annualisée, qu’ils travaillent ou pas, ils percevront la même chaque mois. Étant donné que les agents de la fonction publique ont déjà le droit au temps partiel annualisé, sa généralisation aux salariés du privé ne relève pas d’une utopie, mais d’un choix politique. Le décret n° 2000-815 du 25 août 2000 modifié relatif à l’aménagement et à la réduction du temps de travail[14] donne le droit à un agent de la fonction publique de travailler à temps partiel en aménageant sa durée de travail hebdomadaire sur 2,5 jours. Le décret n° 2002-1072 du 7 août 2002 relatif au temps partiel annualisé donne le droit à ce même agent d’aménager son temps de travail sur l’année, en travaillant 6 mois sur 12.
Même si la durée légale de la semaine travail sera de 3 jours, elle n’empêchera pas ceux qui le souhaiteront de travailler davantage. En effet, pour une minorité de salariés, leur métier correspond à une véritable vocation (médecin, chercheur, ingénieur, enseignant, agriculteur, etc…). Comme ils se réalisent en travaillant, il est normal qu’ils aient le droit de s’investir autant qu’ils le souhaitent. Étant donné que ce choix reposera sur un engagement libre et volontaire, ceux qui souhaiteront travailler davantage seront réellement motivés à s’impliquer et à mener à bien leurs missions. En revanche, lorsqu’ils souhaiteront se consacrer à d’autres activités pour décompresser et enrichir leur personnalité, ils auront également le droit de bénéficier de l’aménagement de leur temps de travail.
Certains métiers nécessitent des connaissances et des compétences techniques spécifiques (ingénieur, médecin, chercheur, etc…) et d’autres imposent un suivi du projet (chef de projets, chef de chantiers, consultant, etc…). Étant modulable, l’aménagement du temps de travail s’adaptera en fonction des missions, des projets et des niveaux de responsabilité. Par exemple, un chef de projet, qui devra assurer une mission de 6 mois, effectuera ses 156 jours de travail durant cette mission. Sa mission terminée, au lieu d’en remplir une nouvelle, il disposera de 6 mois de temps libre consécutif. Sa rémunération étant annualisée, il percevra le même salaire chaque mois.
Afin de gravir les échelons hiérarchiques, de réussir sa « carrière » ou de préserver son emploi, un salarié est plus ou moins contraint de sacrifier sa vie familiale et personnelle au service des intérêts de l’entreprise. Selon un sondage paru en 2015, 93 % des sondés estimaient que l’équilibre des temps de vie professionnelle, familiale et associative est une préoccupation très importante. L’équilibre n’étant pas atteint, 71 % des salariés affirment manquer de temps pour profiter de leurs proches ou de leurs loisirs[15]. À cause du manque de temps libre, 35 % des cadres ont beaucoup de difficultés à concilier une vie professionnelle et personnelle[16]. Ne parvenant pas à trouver un équilibre de vie satisfaisant, ils risquent de se désinvestir ou d’être victimes du brown-out. En permettant d’établir un équilibre, l’aménagement du temps de travail permettra aux cadres de s’impliquer à nouveau. Si, durant une mission de 6 mois, un chef de projet n’a pas le temps de se consacrer à sa famille ou à ses activités personnelles, lorsqu’il l’aura terminé, il disposera de 6 mois pour s’accomplir autrement. Étant moins soumis à la culpabilité, aux tiraillements et aux pressions familiales, lorsqu’il sera en mission, il s’impliquera sans compter dans son travail.
L’aménagement du temps de travail ne concerne pas que les salariés. En effet, les entrepreneurs, les chefs d’entreprises, les professions libérales (avocat, médecin, etc…), les artisans (boulanger, plombier, mécanicien, etc…), etc…ont également le droit de disposer de temps libre pour améliorer leur qualité de vie. À cause du manque de temps, un dirigeant d’entreprise sur deux a des difficultés à concilier une vie professionnelle et personnelle et 69 % déclarent consacrer moins de temps à des activités physiques et de loisirs[17]. Pour assurer la survie ou le développement de son activité, rembourser ses emprunts ou tout simplement gagner plus, le chef d’entreprise est plus ou moins contraint de sacrifier sa vie familiale, sociale ou personnelle. En consacrant tout son temps à son entreprise, il aliène sa personnalité et son existence à son activité professionnelle. Sa personnalité étant atrophiée, il n’a plus que de l’argent à partager avec ses proches. Au lieu de se concurrencer, de jeunes médecins se regroupent déjà au sein de cabinets médicaux pour aménager leur emploi du temps sur 24 heures ou 3 jours par semaine[18]. Les dirigeants qui le souhaiteront auront donc également le droit de s’associer avec un associé, un collaborateur ou un concurrent pour aménager leurs emplois du temps sur l’année. En s’associant, ils auront la possibilité de se succéder chaque semestre à la direction d’une même entreprise. Les consultants en organisation et les experts comptables auront la mission d’assurer la transition et de partager équitablement les bénéfices. Ainsi, qu’ils travaillent ou pas, ils percevront la même rémunération.
Il est important de préciser que le fait de multiplier par deux les effectifs ne provoquera pas la multiplication par deux des heures de travail et des charges salariales. En remplaçant un salarié qui travaille 35 heures, par deux qui travailleront 24 heures, soit 48 heures, à salaire égal, les charges salariales augmenteront de 37 %. En permettant d’étaler les charges fixes sur 312 jours au lieu de 260, la semaine de 6 jours permettra de les réduire de 16,7 %. La semaine de 3 jours invite également à questionner la nécessité des 5 semaines de congés payés. Lorsque la semaine de travail était de 5 jours, les congés payés étaient justifiés par la domination du temps social du travail. Puisque la société s’organisera autour des 4 jours de temps libre, les congés ne seront peut-être plus nécessaires. La hausse des charges salariales sera donc absorbée par le chiffre d’affaires généré par la journée d’activité supplémentaire, l’étalement des charges fixes, les gains de productivité, la suppression des congés payés et la baisse des coûts pour absentéisme et arrêts maladies.
En associant la semaine de 3 jours à l’aménagement du temps de travail, il sera donc possible d’améliorer la qualité de vie et le bien-être de tous les acteurs économiques. Puisque’un salarié, un cadre, un entrepreneur ou un chef d’entreprise plus équilibré, moins stressé et plus épanoui est plus performant, ce nouveau modèle d’organisation du travail favorisera la compétitivité des entreprises. Au nom de la compétitivité, il est donc nécessaire que les consultants en organisation, les DRH, le Medef et les politiques s’en emparent pour la promouvoir et la mettre en œuvre.
Au nom de la liberté individuelle et de la propriété de soi, les modernistes, les ultralibéraux et les libertariens pourraient objecter que le choix de travailler 3 jours par semaine et d’aménager le temps de travail devrait être le résultat d’une négociation, d’un accord et de la signature d’un contrat entre un salarié et un employeur. Pour ne pas se laisser piéger par ce discours idéologique, il est nécessaire de s’intéresser aux réalités économiques et sociales. Être libre, autonome et propriétaire de soi, nécessite de pouvoir choisir son mode de vie et le sens que l’on souhaite donner à sa vie. Une négociation peut avoir lieu sur une base libre et non faussée si les deux parties en présence sont de force égale. Si l’un des deux est dépendant de l’autre, il ne peut pas y avoir d’accord libre. La France comprend plus de 7 millions d’actifs sans emploi et à temps partiel « subi ». Tant que le taux de chômage sera élevé, le rapport de force sera en faveur de l’employeur. À cause de la peur du chômage, ce choix ne peut pas relever d’une négociation individuelle. Puisque ce choix serait interprété comme un signe de démotivation, le cadre qui solliciterait l’autorisation de travailler 3 jours risquerait de perdre son emploi au profit d’un autre qui ne compterait pas ses heures. Pour que chacun ait ce choix, la loi doit donc garantir la liberté de choisir entre « travailler plus pour gagner plus » ou travailler 3 jours pour gagner moins. C’est donc à l’État que revient la responsabilité de fixer le cadre légal de la négociation entre le salarié et l’employeur. Lorsque la loi limitera la semaine de travail à 3 jours, le salarié qui souhaitera travailler plus aura la liberté et le droit de le négocier avec son employeur. Au même titre que je défends le droit de travailler 3 jours, au nom de la liberté, je défendrai également celui de travailler davantage.
En travaillant 3 jours, à taux horaire constant, les salariés gagneront moins. Pour que la semaine de 3 jours soit viable et désirable, elle ne doit pas menacer le pouvoir d’achat des ménages.
Cet article est extrait de l’ouvrage « En finir avec le chômage : un choix de société ! ». Ce livre permet d’appréhender les enjeux du choix entre la relance de la croissance du PIB ou de la réduction du temps de travail.
Vous pouvez le commander au Furet du Nord, à la FNAC et dans toutes les librairies, ainsi que sur les sites du Furet du Nord, de la FNAC et d’autres librairies en ligne sous un format ePub ou Papier..
Pour accéder aux pages suivantes :
– Aménagement du temps de travail et temps choisi
– Le temps libre : un choix de société !
– La réduction du temps de travail : un choix de société !
– Comment préserver son pouvoir d’achat en travaillant 3 jours par semaine ?
– Disposer de 4 jours de temps libre : le choix du mode être !
[1] Éditions Législatives, Le débat sur la semaine de 4 jours relancé [En ligne] (consulté le 17 octobre 2016), http://www.editions-legislatives.fr/content/le-d%C3%A9bat-sur-la-semaine-de-4-jours-relanc%C3%A9
[2] Insee, T302 – Chômage et taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT), par sexe et tranche d’âge quinquennal et regroupé, en moyenne annuelle – 1975-2015. Op.Cit.
[3] Insee, 1.115 Produit intérieur brut et revenu national brut par habitant, Op.Cit.
[4] Insee, Population par sexe et groupes d’âges depuis 1946, Op.Cit.
[5] Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Repères & références statistique, 1.2, Évolution des effectifs d’élèves, d’étudiants et d’apprentis, Op.Cit.
[6] Sources : Insee, 6.213 Volume total d’heures travaillées par branche, Op.Cit.
[7] Orwell George, La ferme des animaux, Paris, éditions Champ Libre, 1981, page 58.
[8] L’express, L’expension, Le Financial Time propose la semaine de 3 jours, [En ligne] (consulté le 15 mars 2019), https://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/le-financial-times-propose-la-semaine-de-3-jours_1423044.html
[9] Le Monde.fr, TRAVAILLER MOINS, Le multimilliardaire Carlos Slim prône la semaine de trois jours de travail, [En ligne] (consulté le 23 mars 2015), http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/07/21/travailler-moins-le-multimilliardaire-carlos-slim-prone-la-semaine-de-trois-jours-de-travail/
[10] Challanges, Le milliardaire Carlos Slim pour la semaine de 3 jours, [en ligne] (consulté le 15 mars 2019), https://www.challenges.fr/revue-de-presse/le-milliardaire-carlos-slim-defend-la-semaine-de-3-jours_17988
[11] BFM, A 40 ans, travailler plus de 25 heures par semaine rend moins intelligent, [En ligne] (consulté le 20 octobre 2016), http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/a-40-ans-travailler-plus-de-25-heures-par-semaine-rend-moins-intelligent-1019615.html
[12] Radio Canada, Les avantages de la semaine de 3 jours, [En ligne] (consulté le 3 janvier 2017), http://ici.radio-canada.ca/audio-video/media-7590237/les-avantages-de-la-semaine-de-trois-jours
[13] Riffikin Jeremy, La fin du travail, Paris, La découverte & Syros, 1996, page 51.
[14]Ministère de la fonction publique, Guide du temps partiel des fonctionnaires et des agents non titulaires des trois fonctions publiques, [En ligne] (consulté le 28 décembre 2016), http://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/IMG/Guide_temps_partiel_FPE-2.pdf
[15] L’express.fr, Travail ou vie privée ? sept salariés sur dix mènent une course contre le temps, [En ligne] (consulté le 15 avril 2018), https://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/travail-ou-vie-privee-sept-salaries-sur-dix-menent-une-course-contre-le-temps_1685435.html
[16] L’express.fr, Arrivez-vous à concilier vie professionnelle et vie privée ?, [En ligne] (consulté le 15 avril 2018), https://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/arrivez-vous-a-concilier-vie-professionnelle-et-vie-privee_1506780.html
[17] Fondation entrepreneurs MMA, Etude sur la santé du dirigeant 2018, [En ligne] (consulté le 19 octobre 2018), https://fondation-entrepreneurs.mma/etude-sante-dirigeant-entreprise-2018.htm
[18] Drees, Solidarité et Santé gouv.fr, L’emploi du temps des médecins libéraux, Diversité objective et écarts de perception des temps de travail, [En ligne] (consulté le 18 octobre 2018), https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/article201015.pdf
Vous avez parfaitement raison. L’une des limites des 35 heures, c’est que les salariés devaient faire le travail de 39 heures en 35 heures. Ce n’est pas un hasard si les 35 heures ont permis aux entreprises de réaliser d’important gains de productivité.
Afin d’éviter cela, il est donc nécessaire de réduire le temps de travail en jour plutôt qu’en heure. C’est pour cette raison que nous proposons de réduire la semaine de travail à 3 jours pour tous les salariés qu’ils soient ouvriers, employés ou cadres.
Beaucoup de chômeurs meme avec qualifications ne le sont pas pour les emplois de maintenant , la balise du temps de travail si ça fait comme les 35 h ne donnera aucun emplois, là ou je travaillais il n’y a eu aucune embauches, nous devions continuer de faire en 35 heures la meme quantité qu’en 39heures, avec baisse de salaire
La question de la réduction du temps de travail n’est désormais plus un choix économique, mais un choix de société dont dépend la survie de l’humanité.
La réduction de la semaine de travail à 3 jours provoquera l’effondrement de la civilisation du travail et de la consommation qui conduit l’humanité à sa perte.
Elle permettra à un nouveau modèle de société, dont la finalité sera l’émancipation et le développement des facultés intellectuelles, relationnelles, psychologiques et physiques de chaque individu, de se substituer au modèle actuel.
Elle permettra le passage d’un modèle construit sur « l’Avoir » à un modèle fondé sur « l’Être ».
En effet, notre civilisation risque un effondrement, si nous ne changeons pas le paradigme travail-production-consommation.
Les articles suivants proposent les moyens de se socialiser, de définir son identité, de structurer le rythme de son existence, de nourrir l’estime de soi, de se distinguer, de s’affirmer et de se réaliser autrement que par l’activité professionnelle et la consommation.
http://www.mouvementpourundeveloppementhumain.fr/nos-fondements-theoriques/en-finir-avec-le-chomage-un-choix-de-societe/la-reduction-du-temps-de-travail-peut-elle-supprimer-le-chomage/disposer-de-4-jours-de-temps-libre-le-choix-du-mode-etre/
L’étude de ETUI et EPSU « The Why And How Of Working Time Reduction » http://bit.ly/2ou8ftC analyse toutes les questions et difficultés soulevées par la non substitutionabilié des emplois. C’est une question d’éducation et de formation. Ce n’est pas une raison de jeter l’eau avec le bébé du bain. Nous sommes confrontés à menaces graves d’effondrement de civilisation si nous ne changeons pas de paradigme travail- production-consommation et si le modèle actuel historiquement lié à l’expansion de la révolution industrielle depuis l’Europe occidentale et ses rameaux, continue de s’étendre à la planète entière.
Bonjour,
Votre remarque est pertinente : Est-ce qu’il y aura suffisamment de salariés qualifiés pour partager l’emploi ?
Afin de répondre à la « soi disant » pénurie d’emplois qualifiés consécutive à la réduction du temps de travail, je pense qu’il serait nécessaire de commencer par supprimer tous les emplois bidons qui ne répondent à aucun besoin réel.
http://www.mouvementpourundeveloppementhumain.fr/le-phenomene-des-emplois-bidons/
En supprimant ces emplois bidons, il sera possible de libérer des compétences qui pourraient être utilisé de manière plus approprié. Par exemple des docteurs en mathématique ou en physique qui perdent leur temps à produire des algorithmes pour des entreprises de « treading à haute fréquence » pourraient faire de la recherche.
Tandis que le niveau d’étude d’une part croissante de jeunes et de salariés augmente, de nombreux salariés qualifiés sont sous employés.
L’ensemble de ces mesures permettront de partager les emplois réellement utiles entre l’ensemble des salariés.
Bonjour,
Tout ceci est bien séduisant, mais il y a une hypothèse très forte qui est loin d’être réaliste : il faudrait que les chômeurs soient aussi qualifiés et compétents que ceux qui travaillent… La substituabilité est loin d’être vérifiée. Demandez aux chefs d’entreprises qui cherchent du personnel.