Le chômage et la peur du chômage étant un frein à la satisfaction des besoins essentiels, pour que le modèle économique durable soit viable et désirable, il doit procurer un emploi stable à tous les membres de la population active. Dans le cadre de ce modèle économique, ils auront tous le droit et le devoir de contribuer à la production et à la distribution des biens et services destinés à satisfaire les besoins essentiels et un minimum de confort matériel. Pour éviter que la décroissance du PIB de 53,2 % provoque la hausse du chômage, les gains de productivités devront donc contribuer à la réduction de la durée légale du temps de travail.
Comment calculer le nombre d’heures qu’il faudra travailler ?
Le modèle économique durable sera viable et désirable, si tous les membres de la population active occupent un emploi sécurisé et stable. Pour qu’ils occupent tous un emploi, les heures de travail nécessaires pour générer un PIB de 988 milliards € seront partagées entre tous les actifs. Avant de calculer la durée du temps de travail annuel de ce modèle économique (DMda), il est nécessaire de calculer le taux de conversion entre le PIB en valeur et la valeur ajoutée en volume (Tc) et la productivité horaire du travail (PH).
– Soit, PIBval est le montant du PIB en valeur : 2 113 687 000 000 €[1].
– « , VAvol est le montant de la VA en volume : 1 855 854 249 000 €[2].
– « , Tc est le taux de conversion entre PIB en valeur et VA en volume.
En 2013, comme le montant du PIBval était de 2 113 milliards € et que celui de la valeur ajoutée (VAvol) était de 1 855 milliards €, le taux de conversion (Tc) était de 13,9 %.
L’équation ci-dessous permet de calculer la productivité horaire du travail (PH).
– Soit, VHtb est le volume total heures travaillées par branche : 40 271 480 379[3]
– « PH est la productivité horaire du travail.
En 2013, étant donné qu’il a fallu 40,2 milliards d’heures de travail pour générer une valeur ajoutée en volume (VAvol) de 1 855 milliards €, la productivité horaire (PH) était de 46,1 €.
La PH et le taux de conversion (Tc) étant définis, à partir de l’équation ci-dessous, il est possible de calculer la durée du temps de travail annuel du modèle économique durable (DMda).
– Soit, Pop est la population totale : 65 899 406 hab[4].
– « , TPa est le taux population comprise entre 15 et 59 ans : 57,57 %[5].
– « , E est le nombre élèves second cycle et étudiants : 5 317 800[6].
– « , PIBobj est le PIB permettant accéder qualité vie objective : 988 491 090 000 €
– « , Tc est le taux conversion entre PIB en valeur et VA en volume : 13,89 %.
– « , PH est la productivité horaire du travail : 46,08 €.
– « , DMda est la durée temps travail annuel modèle durable.
En 2013, puisque 57,6 % des 65,8 millions de Français avaient entre 16 à 59 ans, la population en âge de travailler comprenait 37,9 millions de personnes. Étant composée de 5,3 millions d’élèves et d’étudiants, la population active comprenait 32,6 millions d’actifs. Le montant du PIBobj étant de 988 milliards € et le Tc de 13,9 %, la VA en volume qui permet d’accéder à un niveau de qualité de vie objective est de 851 milliards €. Pour générer 851 milliards € avec une productivité horaire (PH) de 46,1 €, il faudra 18,4 milliards d’heures de travail. Comme 32,6 millions d’actifs se partageront 18,4 milliards d’heures, la durée du temps de travail annuelle (DMda) sera de 566 heures.
La DMda calculée, avec l’aide de l’équation ci-dessous, il est possible de calculer la durée de la journée de travail quotidienne dans le cadre d’un modèle économique durable.
– Soit, DMda est la durée temps travail annuel modèle durable : 566 heures.
– « , S est le nombre semaines annuelles : 52 semaines.
– « , JRLh est le nombre jours légaux repos hebdomadaire : 2 jours.
– « , Jh est le nombre jours dans semaine : 7 jours.
– « , DMdq est la durée journée travail quotidien modèle durable.
Ayant droit à 2 jours de repos, un salarié travaille 5 jours par semaine. S’il effectuait ses 566 heures sur 52 semaines de 5 jours, la durée de sa journée de travail (DMdq) sera de 2,2 heures.
Le fait que la DMdq soit de 2,2 heures invite à réfléchir sur la durée minimum d’une journée de travail. Si un salarié se déplaçait 5 jours par semaine pour travailler 2 heures, son revenu quotidien serait insuffisant pour financer ses frais de transports, de repas, d’entretiens, de réparations et d’essences. D’un point de vue écologique et énergétique, qu’il travaille 8 ou 2 heures, la consommation de carburants, la pollution de l’air et les rejets de CO2 occasionnés par les transports sont identiques. Au lieu de réduire le temps de travail en heures, pour limiter les embouteillages, la pollution, les rejets de CO2, le gaspillage de carburants et les frais liés aux transports, je propose de fixer la durée légale de la journée de travail quotidien (DLq) à 8 heures et donc, de réduire la durée en jours. L’équation ci-dessous calcule le nombre de jours de travail hebdomadaire :
– Soit, DLq est la durée légale journée travail quotidien : 8 heures.
– « , JTMdh est le nombre journées travail hebdomadaire modèle durable.
Puisque les 566 heures de travail annuel seront réparties sur 52 semaines, la durée hebdomadaire sera de 10,9 heures. La durée légale de la journée de travail (DLq) étant de 8 heures, le nombre de journées de travail hebdomadaire (JTMdh) sera de 1,36. Afin d’avoir des jours entiers, je propose de calculer le nombre de journées de travail légal hebdomadaire (JLMdh) à partir de la règle suivante :
– Soit, JTMdh est le nombre journées travail hebdomadaire modèle durable : 1,36 jour.
– « , JLMdh est le nombre journées travail légal hebdomadaire modèle durable.
Le JTMdh étant supérieur à 1, le JLMdh sera de 2 jours. Dans le cadre du modèle économique durable, le nombre de journées de travail légal hebdomadaire sera donc de 2 jours.
Le nombre de journées de travail légal hebdomadaire (JLMdh) défini, il est possible de calculer la durée légale du temps de travail hebdomadaire, mensuelle et annuelle.
– Soit, JLMdh est le nombre journées travail légal hebdomadaire modèle durable : 2 jours.
– « , DLMdh est la durée légale temps travail hebdomadaire modèle durable.
Étant donné qu’un salarié travaillera 8 heures, 2 jours par semaine, la durée légale hebdomadaire (DLMdh) sera de 16 heures. En passant de 35 heures à 16 heures, elle diminuera de 54,3 %.
– Soit, DLMdh est la durée légale temps travail hebdomadaire modèle durable : 16 heures.
– « , Μ est le nombre mois par an : 12 mois.
– « , DLMdm est la durée légale temps travail mensuel modèle durable : 69,33 heures.
Puisque la durée légale hebdomadaire (DLMdh) sera de 16 heures et qu’une année comprend 52 semaines réparties sur 12 mois, la durée légale mensuelle (DLMdm) sera de 69,33 heures.
– Soit, DLMdh est la durée légale temps travail hebdomadaire modèle durable : 16 heures.
– « , DLMda est la durée légale temps travail annuel modèle durable.
La DLMdh étant de 16 heures, la durée légale annuelle (DLMda) des salariés qui travailleront 52 semaines sera de 832 heures. Dans le cadre du modèle économique durable, qu’ils soient cadres, employés ou ouvriers, comme tous les salariés auront le droit et le devoir de travailler 2 journées de 8 heures par semaine, ils travailleront 16 heures et donc, 832 heures par an.
L’objectif du modèle économique durable est de mettre l’économie au service du développement et de l’émancipation de chaque individu. Pour l’atteindre, je propose de créer une nouvelle branche destinée aux activités émancipatrices. Comme les salariés travailleront 832 heures par an, au lieu de 567 heures, tous les actifs n’exerceront pas un emploi productif. Pour qu’ils aient tous un emploi, certains seront affectés à des activités productrices et d’autres à des activités émancipatrices.
– Soit, PAMd est la population active modèle durable : 32 453 546 actifs.
– « , HMda est le nombre heures travail annuel effectué par population active : 18 388 602 037 heures.
– « , DLMda est la durée légale temps travail annuel modèle durable : 832 heures.
– « , Ep est le nombre emplois affectés production besoins essentiels.
– « , Ee est le nombre emplois affectés branche activités émancipatrices.
Puisque la production des biens et des services destinés à satisfaire les besoins essentiels et un minimum de confort matériel nécessite 18,3 milliards d’heures de travail, il faudra y affecter 22,2 millions de salariés (Ep) qui travailleront une durée légale annuelle (DLMda) de 832 heures.
Comme 22,2 millions des 32,4 millions d’actifs seront affectés à la production, 10,2 millions seront affectés aux activités émancipatrices (Ee). Dans le cadre du modèle durable 10,4 millions de salariés, soit 31,9 % de la population active, seront affectés à la nouvelle branche d’activité, dont la finalité sera d’accompagner le développement et l’émancipation de chaque individu.
La semaine de 2 jours favorisera l’aménagement du temps de travail des acteurs économiques.
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Quels sont les enjeux de l’aménagement du temps de travail ?
La réduction de la durée légale de la semaine de travail à 2 jours favorisera également l’aménagement du temps de travail de l’ensemble des acteurs économiques : les employés, les ouvriers, les cadres, ainsi que les entrepreneurs, les chefs d’entreprises, les professions libérales, les agriculteurs, les artisans et les commerçants. Afin de la faciliter, la semaine de travail de toutes les entreprises sera planifiée sur 6 jours au lieu de 5 actuellement. Un poste ou une unité de travail sera partagé entre trois salariés ou trois équipes qui se succéderont tous les 2 jours.
Ne nécessitant pas une expertise particulière, la plupart des emplois sont parfaitement adaptés à la semaine de 2 jours. Par exemple, le personnel d’un hypermarché comprend un directeur, des chefs de secteurs, des responsables de rayons, des conseillers de ventes, des logisticiens, des hôtesses de caisse, ainsi que des employés au service livraison, SAV, sécurité, comptabilité, administrative, etc… Du directeur aux services administratifs, les effectifs du magasin seront multipliés par trois pour constituer trois équipes distinctes. Tandis que les salariés de l’équipe n°1 prendront en charge l’activité du magasin du lundi matin au mardi soir, ceux de la n°2 s’en chargeront du mercredi matin au jeudi soir et ceux de la n°3 du vendredi matin au samedi soir. Afin d’assurer la transition, la continuité et la qualité du travail entre les équipes n°1, n°2 et n°3, des consultants en organisation auront la mission de mettre en œuvre des méthodes et des procédures d’organisation du travail. Puisqu’ils savent déjà organiser les 3/8 (trois salariés se partagent un poste 8 heures par jour), aménager un poste pour trois salariés qui se le partageront 2 jours sur 6 ne semble pas insurmontable.
En fonction des impératifs de leurs missions, de leurs niveaux de responsabilité et de leurs projets de vie, tous les salariés auront également la liberté de choisir d’aménager leur emploi du temps en heures ou en jours sur un mois, deux mois, quatre mois ou l’année.
Qu’il soit en jours ou en heures, l’aménagement du temps de travail permettra de multiples formes d’organisation. Par exemple, à la fin de l’année n-1, les trois directeurs d’un même magasin pourraient décider de travailler quatre mois par an : le directeur de l’équipe n°1 effectuera ses 104 jours de début janvier à fin avril, celui de la n°2 de début mai à fin août et celui de la n°3 de début septembre à fin décembre. Suite à un accord signé en fin d’année n-1, les trois équipes d’un même magasin pourraient décider de se succéder tous les quatre mois : les salariés de l’équipe n°1 effectueront 832 heures de début janvier à fin avril, ceux de la n°2 de début mai à fin août et ceux de la n°3 de début septembre à fin décembre. La rémunération étant annualisée, qu’ils travaillent ou pas, ils percevront la même chaque mois. Étant donné que les agents de la fonction publique ont déjà le droit au temps partiel annualisé, sa généralisation aux salariés du privé ne relève pas d’une utopie, mais d’un choix politique. En effet, le décret n° 2000-815 du 25 août 2000 modifié relatif à l’aménagement et à la réduction du temps de travail[7] donne le droit à un agent de la fonction publique de travailler à temps partiel, en aménageant sa durée de travail hebdomadaire sur 2,5 jours. Le décret n° 2002-1072 du 7 août 2002 relatif au temps partiel annualisé donne le droit à ce même agent d’aménager son temps de travail sur l’année, en travaillant 6 mois sur 12.
Même si la durée légale de la semaine travail sera de 2 jours, elle n’empêchera pas ceux qui le souhaiteront de travailler davantage. En effet, pour une minorité de salariés, leur métier correspond à une véritable vocation (médecin, chercheur, ingénieur, enseignant, agriculteur, etc…). Comme ils se réalisent en travaillant, il est normal qu’ils aient le droit de s’investir autant qu’ils le souhaitent. Étant donné que ce choix reposera sur un engagement libre et volontaire, ceux qui souhaiteront travailler davantage seront réellement motivés à s’impliquer et à mener à bien leurs missions. En revanche, lorsqu’ils souhaiteront se consacrer à d’autres activités pour décompresser et enrichir leur personnalité, ils auront également le droit de bénéficier de l’aménagement de leur temps de travail.
Certains métiers nécessitent des connaissances et des compétences techniques spécifiques (ingénieur, médecin, chercheur, etc…) et d’autres imposent un suivi du projet (chef de projets, chef de chantiers, consultant, etc…). Étant modulable, l’aménagement du temps de travail s’adaptera en fonction des missions, des projets et des niveaux de responsabilité. Par exemple, un chef de projet, qui devra assurer une mission de 4 mois, effectuera ses 104 jours de travail durant cette mission. Sa mission terminée, au lieu d’en remplir une nouvelle, il disposera de 8 mois de temps libre consécutif. Sa rémunération étant annualisée, il percevra le même salaire chaque mois.
Afin de gravir les échelons hiérarchiques, de réussir sa « carrière » ou de préserver son emploi, un salarié est plus ou moins contraint de sacrifier sa vie familiale et personnelle au service des intérêts de l’entreprise. Selon un sondage paru en 2015, 93 % des sondés estimaient que l’équilibre des temps de vie professionnelle, familiale et associative est une préoccupation très importante. L’équilibre n’étant pas atteint, 71 % des salariés affirment manquer de temps pour profiter de leurs proches ou de leurs loisirs[8]. À cause du manque de temps libre, 35 % des cadres ont beaucoup de difficultés à concilier une vie professionnelle et personnelle[9]. Ne parvenant pas à trouver un équilibre de vie satisfaisant, ils risquent de se désinvestir ou d’être victimes du brown-out. En permettant d’établir un équilibre, l’aménagement du temps de travail permettra aux cadres de s’impliquer à nouveau. Si, durant une mission de 4 mois, un chef de projet n’a pas le temps de se consacrer à sa famille ou à ses activités personnelles, lorsqu’il l’aura terminé, il disposera de 8 mois pour se réaliser autrement. Étant moins soumis à la culpabilité, aux tiraillements et aux pressions familiales, lorsqu’il sera en mission, il s’impliquera sans compter dans son travail.
L’aménagement du temps de travail ne concerne pas que les salariés. En effet, les entrepreneurs, les chefs d’entreprises, les professions libérales (avocat, médecin, etc…), les artisans (boulanger, plombier, mécanicien, etc…), etc…ont également le droit de disposer de temps libre pour améliorer leur qualité de vie. À cause du manque de temps, un dirigeant d’entreprise sur deux a des difficultés à concilier une vie professionnelle et personnelle et 69 % déclarent consacrer moins de temps à des activités physiques et de loisirs[10]. Pour assurer la survie ou le développement de son activité, rembourser ses emprunts ou tout simplement gagner plus, le chef d’entreprise est plus ou moins contraint de sacrifier sa vie familiale, sociale ou personnelle. En consacrant tout son temps à son entreprise, il aliène sa personnalité et son existence à son activité professionnelle. Sa personnalité étant atrophiée, il n’a plus que de l’argent à partager avec ses proches. Les dirigeants qui le souhaiteront auront donc également le droit de s’associer avec deux associés, deux collaborateurs ou deux concurrents pour aménager leurs emplois du temps sur l’année. En s’associant, ils auront la possibilité de se succéder tous les quatre mois à la direction d’une même entreprise. Les consultants en organisation et les experts comptables auront la mission d’assurer la transition et de partager équitablement les bénéfices. Ainsi, qu’ils travaillent ou pas, ils percevront la même rémunération.
En travaillant 2 jours par semaine, le moral des salariés sera meilleur. Comme il s’améliorera, non seulement la productivité augmentera, mais en plus, les coûts liés aux accidents du travail et à l’absentéisme diminueront. En augmentant les gains de productivité et en baissant les coûts de production, ce processus vertueux provoquera la hausse des bénéfices. L’exemple de l’entreprise Kellogg’s permet d’illustrer les intérêts de la réduction du temps de travail. En 1930, pour créer des emplois et se développer, la direction de Kellogg’s a décidé de réduire le temps de travail de ses salariés à 30 heures par semaine[11]. Pour cela, elle a réorganisé ses postes de travail : 4 postes de 6 heures au lieu de 3 de 8 heures et augmenté la rémunération horaire de ses salariés de 12,5 %. En 1935, lors de la publication de ses résultats, la direction de Kellogg’s a déclaré que la semaine de 30 heures avait été bénéfique. Le moral des salariés étant meilleur, la productivité avait augmenté, tandis que les coûts de production et les frais d’assurances avaient diminué. En effet, les coûts généraux ont chuté de 25 %, les coûts du travail se sont réduits de 10 %, les accidents de travail ont diminué de 41 % et les effectifs de Kellogg’s ont augmenté de 39 % par rapport à 1929. Pour toutes ces raisons, la réduction de la semaine de travail à 2 jours sera bénéfique aux intérêts des entreprises, des salariés et de la société dans son ensemble.
Il est important de préciser que le fait de multiplier par trois les effectifs ne provoquera pas la multiplication par trois des heures de travail et des charges salariales. En remplaçant un salarié qui travaille 35 heures, par trois qui travailleront 16 heures, soit 48 heures, à salaire égal, les charges salariales augmenteront de 37 %. En permettant d’étaler les charges fixes sur 312 jours au lieu de 260, la semaine de 6 jours permettra de les réduire de 16,7 %. La semaine de 2 jours invite également à questionner la nécessité des 5 semaines de congés payés. Lorsque la semaine de travail était de 5 jours, les congés payés étaient justifiés par la domination du temps social du travail. Puisque la société s’organisera autour des 5 jours de temps libre, les congés ne seront peut-être plus nécessaires. La hausse des charges salariales sera donc absorbée par le chiffre d’affaires généré par la journée d’activité supplémentaire, l’étalement des charges fixes, les gains de productivité, la suppression des congés payés et la baisse des coûts pour absentéisme et arrêts maladies.
En associant la semaine de 2 jours à l’aménagement du temps de travail, il sera donc possible d’améliorer la qualité de vie et le bien-être de tous les acteurs économiques. Puisqu’un salarié, un cadre, un entrepreneur ou un chef d’entreprise plus équilibré, moins stressé et plus épanoui est plus performant, ce nouveau modèle d’organisation du travail favorisera la compétitivité des entreprises. Au nom de la compétitivité, il est donc nécessaire que les consultants en organisation, les DRH, le Medef et les politiques s’en emparent pour la promouvoir et la mettre en œuvre.
Au nom de la liberté individuelle et de la propriété de soi, les modernistes, les ultralibéraux et les libertariens pourraient objecter que le choix de travailler 2 jours par semaine et d’aménager le temps de travail devrait être le résultat d’une négociation, d’un accord et de la signature d’un contrat entre un salarié et un employeur. Pour ne pas se laisser piéger par ce discours idéologique, il est nécessaire de s’intéresser aux réalités économiques et sociales. Être libre, autonome et propriétaire de soi, nécessite de pouvoir choisir son mode de vie et le sens que l’on souhaite donner à sa vie. Une négociation peut avoir lieu sur une base libre et non faussée si les deux parties en présence sont de force égale. Si l’un des deux est dépendant de l’autre, il ne peut pas y avoir d’accord libre. La France comprend plus de 7 millions d’actifs sans emploi et à temps partiel « subi ». Tant que le taux de chômage sera élevé, le rapport de force sera en faveur de l’employeur. À cause de la peur du chômage, ce choix ne peut pas relever d’une négociation individuelle. Puisque ce choix serait interprété comme un signe de démotivation, le cadre qui solliciterait l’autorisation de travailler 2 jours risquerait de perdre son emploi au profit d’un autre qui ne compterait pas ses heures. Pour que chacun ait ce choix, la loi doit donc garantir la liberté de choisir entre « travailler plus pour gagner plus » ou travailler 2 jours pour gagner moins. C’est donc à l’État que revient la responsabilité de fixer le cadre légal de la négociation entre le salarié et l’employeur. Lorsque la loi limitera la semaine de travail à 2 jours, le salarié qui souhaitera travailler plus aura la liberté et le droit de le négocier avec son employeur. Au même titre que je défends le droit de travailler 2 jours, au nom de la liberté, je défendrai également celui de travailler davantage.
En travaillant 2 jours, à taux horaire constant, les salariés gagneront moins. Pour que la semaine de 2 jours soit viable et désirable, elle ne doit pas menacer le pouvoir d’achat des ménages.
Jean-Christophe Giuliani
Cet article est extrait de l’ouvrage « Satisfaire nos besoins : un choix de société ! ». Ce livre permet d’appréhender que le choix du rapport au temps et des moyens utilisés pour satisfaire nos besoins n’est pas un choix économique, mais un choix de société dont dépend la survie et l’avenir de l’humanité. Vous pouvez le commander sur le site des Éditions du Net sous un format ePub ou Papier.
Pour accéder aux pages suivantes :
– Le revenu des salariés qui travailleront 2 jours
[1] Insee, 1.115 Produit intérieur brut et revenu national brut par habitant, Op.Cit.
[2] Insee, 6.202 Valeur ajoutée brute par branche en volume aux prix de l’année précédente chaînés Op.Cit.
[3] Insee, 6.213 Volume total d’heures travaillées par branche, Op.Cit.
[4] Insee, 1.115 Produit intérieur brut et revenu national brut par habitant, Op.Cit.
[5] Insee, Population par sexe et groupes d’âges depuis 1946, [En ligne], (consulté le février 2017) https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/structure-population/population-sexe-ages/
[6] Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Repères & références statistique, 1.2, Évolution des effectifs d’élèves, d’étudiants et d’apprentis, [En ligne], (consulté le février 2017), https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2015/90/7/rers_2015_457907.pdf
[7]Ministère de la fonction publique, Guide du temps partiel des fonctionnaires et des agents non titulaires des trois fonctions publiques, [en ligne] (consulté le 28 décembre 2016), http://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/IMG/Guide_temps_partiel_FPE-2.pdf
[8] L’express.fr, Travail ou vie privée ? sept salariés sur dix mènent une course contre le temps, [En ligne] (consulté le 15 avril 2018), https://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/travail-ou-vie-privee-sept-salaries-sur-dix-menent-une-course-contre-le-temps_1685435.html
[9] L’express.fr, Arrivez-vous à concilier vie professionnelle et vie privée ?, [En ligne] (consulté le 15 avril 2018), https://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/arrivez-vous-a-concilier-vie-professionnelle-et-vie-privee_1506780.html
[10] Fondation entrepreneurs MMA, Etude sur la santé du dirigeant 2018, [En ligne] (consulté le 19 octobre 2018), https://fondation-entrepreneurs.mma/etude-sante-dirigeant-entreprise-2018.htm
[11] Riffikin Jeremy, La fin du travail, Paris, La découverte & Syros, 1996, page 51.
Vous avez parfaitement raison, dans le cadre de la réduction de la semaine de travail à 3 jours, l’aménagement du temps de travail devrait pouvoir être modulé sur la semaine, le semestre ou l’année, en fonction du projet de vie des salariés, des cadres, des entrepreneurs, des professions libérales, des agriculteurs, etc.
Pour aller plus loin, je vous invite à consulter la page qui concerne l’aménagement du temps de travail : http://www.mouvementpourundeveloppementhumain.fr/nos-fondements-theoriques/en-finir-avec-le-chomage-un-choix-de-societe/la-reduction-du-temps-de-travail-peut-elle-supprimer-le-chomage/combien-dheures-devrions-nous-travailler-pour-supprimer-le-chomage/les-enjeux-de-lamenagement-du-temps-de-travail-et-du-temps-choisi/
en ce qui concerne le temps libre, je suis également d’accord avec vous. La réduction du temps de travail n’est pas un choix économique, mais un choix de société. Il ne doit pas devenir un temps vide consacré au tourisme, au divertissement, à la télévision ou au shopping. Au contraire, il doit être l’occasion de réinventer notre manière de vivre ensemble, de construire notre identité, notre rôle social, de nous socialiser, de nourrir l’estime de soi, de nous accomplir en pratiquent une activité librement choisis, qui pourrait être : artistique, intellectuelle, sportive, manuelle, scientifiques, etc.
http://www.mouvementpourundeveloppementhumain.fr/disposer-de-4-jours-de-temps-libre-un-choix-de-societe/
C’est beaucoup de calculs savants , avec selon moi un axiome discutable : la rémunération des actionnaires , qui sont des parasites . les travailleurs (du patron au dernier des employés) doivent être propriétaires de leur outil de travail et les banques qui prêtent doivent être nationalisées . D’autre part, la durée du travail devrait pouvoir être modulée autrement , afin que les « vacanciers » ne deviennent pas des touristes ; c’est à dire que l’on devrait pouvoir se bloquer plusieurs mois de liberté pour découvrir des pays lointains autrement qu’en touristes , et y accéder autrement qu’en avion , le transport aérien étant catastrophique pour le climat .