Bertrand Russell
Avant de lire la suite, je vous invite à regarder la pièce de Dominique Rongvaux intitulée « Éloge de l’oisiveté »
Bertrand Russell : traduit par M. Parmentier
Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j’ai été élevé selon le principe que l’oisiveté est mère de tous vices. Comme j’étais un enfant pétris de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi doté d’une conscience qui m’a contraint à peiner au travail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours été soumises à ma conscience, mes idées, en revanche, ont subi une révolution. En effet, j’en suis venu à penser que l’on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu’il importe à présent de faire valoir dans les pays industrialisés un point de vue qui diffère radicalement des préceptes traditionnels. Tout le monde connaît l’histoire du voyageur qui, à Naples, vit 12 mendiants étendus au soleil (c’était avant Mussolini), et proposa une lire à celui qui se montrerait le plus paresseux. 11 d’entre eux bondirent pour venir la lui réclamer : il la donna donc au 12e. Ce voyageur était sur la bonne piste.